Lors de son audition, lundi soir, dans le procès pour “corruption” lié à un projet qu’il a obtenu à Aïn Defla, Ali Haddad a confirmé la confiscation de tous ses biens familiaux, y compris ses résidences à Alger.
Il s’est plaint de n’avoir pas été averti à l’avance. “Laissez-moi vider mon cœur !”, a-t-il lancé après avoir attendu, patiemment, durant toute la journée de lundi, alors qu’il comparaissait depuis la prison de Babar (Khenchela). “Donnez-moi deux minutes pour dire ce qui me fait mal”, dit-il.
Malgré une qualité de son médiocre, l’ancien patron des patrons a fait état de son “désarroi”. Il relate que “sans être avertie”, sa famille a été “chassée” de sa résidence d’El-Biar, sur les hauteurs d’Alger.
Il décrit une situation de “détresse” que vit, selon lui, sa famille. “Ma femme a quitté la maison avec une djellaba. Elle n’a même pas eu le temps de s’habiller. Ma mère, malade, est sortie de la maison sans aucun égard et mes enfants, scolarisés, n’ont même pas eu le temps de prendre leurs affaires.
Comment vont-ils étudier ?”, s’est-il indigné. “Je suis dans la détresse. Dans cette prison, je ne fais que jeûner quasiment tous les jours !”, a-t-il assuré, lui qui était, jusqu’à sa chute, l’un des hommes les plus puissants du pays.
Au juge qui lui demandait de s’expliquer sur la manière avec laquelle son entreprise s’est retrouvée en train de réaliser un chantier qui ne lui était pas officiellement confié, l’homme a botté en touche.
“Cela est un détail. Mon entreprise avait des dizaines de chantiers plus importants”, a-t-il indiqué. Ali Haddad vient ainsi confirmer une information révélée dimanche dernier par nos confrères d’El Watan.
En effet, samedi dernier, des procureurs de la République avaient procédé, de manière quasi simultanée, à la saisie de biens immobiliers appartenant aux anciens responsables et hommes d’affaires jugés définitivement et détenus dans le cadre des procès pour corruption qui se déroulent encore.
Outre la famille Haddad, que la justice soupçonne de vouloir vendre un hôtel à Azeffoun (où elle en possède deux), Mahieddine Tahkout et ses frères, les Eulmi, Noah-Tarek Kouninef ont également été touchés par cette mesure de confiscation des biens familiaux.
Des villas, des résidences, des appartements et des voitures ont ainsi été récupérés ou mis sous scellés. Leurs occupants ont été priés de quitter les lieux sans délai.
Des mesures similaires ont également concerné les deux anciens Premiers ministres, à savoir Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, dont les villas ont été récupérées par l’État. Mais les autorités n’y ont pas trouvé d’occupants, puisque les membres des deux familles restés en liberté sont à l’étranger.
Une autre villa, propriété de l’épouse d’Abdelmalek Sellal, a également été récupérée par la justice au même titre que des biens appartenant à leur fils, Farès, qui se trouve en prison dans d’autres affaires de corruption.
L’ancien directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, ainsi que sa famille, l’ancien directeur de cabinet de la présidence de la République, l’ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Kadi, et des membres de sa famille ont également vu leurs biens confisqués.
Selon des sources judiciaires, l’opération va se poursuivre. Cependant, les avocats des concernés ne savent pas si ces confiscations concernent uniquement les biens immobiliers ou elles s’étendront à d’autres possessions comme les bijoux ou les meubles.
A. B.