À la tête d’Adex Technology depuis une douzaine d’années, Djaoued Salim Allal, ingénieur d’État en informatique, est l’un des pionniers dans le développement des nouvelles technologies en Algérie. Dans cet entretien, il évoque le rôle du digital dans l’économie, le partenariat avec le géant mondial Zoom durant la pandémie, ainsi que les services proposés par son entreprise qui se veut “un accélérateur de performances”. Djaoued Salim Allal indique que l’apport du numérique n’a jamais dépassé les 4% du produit intérieur brut (PIB), alors que la moyenne est de 8 à 10% dans des pays similaires. Cette situation interpelle, mais en même temps fait prendre conscience qu’il existe une réelle opportunité de croissance ainsi que de grandes opportunités à prendre.
Liberté : Vous êtes à la tête d’Adex Technology, l’un des leaders dans le domaine de l’IT. Pouvez-vous nous donner quelques détails sur votre entreprise ?
Djaoued Salim Allal : Créée en 2009, l’Algérienne de développement de l’expertise en technologie IT (Adex Technology) est spécialiste dans les technologies de l’information et de la communication à valeur ajoutée. La philosophie d’Adex est d’être un accélérateur de performance pour les entreprises, la technologie et le numérique.
Depuis plus de treize ans, Adex Technology a pour vocation d’accompagner les entreprises dans leur développement à long terme. En tant que partenaire technologique de premier plan, Adex Technology collabore et co-innove pour aider ses clients à accélérer leur parcours digital.
L’offre de service Adex Technology s’articule autour d’un savoir-faire en tant qu’intégrateur de solution informatique (mise en place de datacenter, cybersécurité, solution de collaboration…) ; Adex Intégration, fournisseur de service public cloud, en tant qu’hébergeur officiel agréé par l’ARPCE, AdexCloud et enfin le Centre de formation technologique officiel agréé par l’État, l’dex Training Center (ATC).
Justement, ce sont trois pôles qu’Adex Technology met en avant, à savoir la formation, les services cloud et les services d’intégration…
Effectivement, nous avons concentré notre portfolio sur trois pôles d’activité qui symbolisent un parcours chez Adex Technology communément appelé en anglais “The Journey at Adex Technology”.
Ce parcours place notre offre technologique et commerciale sur une chaîne de valeur, du pôle intégration et des services professionnels, où nous déterminons le besoin de nos clients selon leur problématique à résoudre.
Nous concevons ensuite un design des différentes solutions ou scénarios qui en résultent et qui seront adaptés à différents paramètres : budget, capacité humaine, niveau de complication, évolution, gestion de risques, gestion de continuité de services... Une fois tous les paramètres en main et les scénarios validés, nous donnons la possibilité à nos clients de choisir le “model business” approprié, soit le modèle en acquisition (on-premise) en “capex” (coût investissement), soit le modèle locatif en souscription (on cloud) en opex (coût opérationnel).
Après la détermination du choix, ainsi que la validation du budget, nous procédons à la mise en place de cette solution soit par les “professionnels services” (pour la partie on-premise) ou bien le “managed services” (pour la partie on-cloud). Bien entendu, cette mise en place ne peut se conclure sans un transfert de connaissances et de compétences à travers le pôle formation, ainsi que l’accompagnement par le support en cas d’incident durant la période de garantie.
Depuis peu, Adex Technology est le partenaire officiel de Zoom. Parlez-nous des objectifs de ce partenariat...
En effet, l’offre de la visioconférence connaît une demande très forte et une croissance considérable sur le marché mondial et local, impulsée par la période de pandémie de Covid-19, qui a complètement modifié les codes de conduite socioéconomiques. Certaines études ont conclu à une croissance de rendement professionnel individuel de plus de 30% grâce au télétravail, une importante réduction des déplacements et du coût d’occupation des espaces de travail, une interconnexion planétaire à moindre coût, sans contrainte, avec un accès à distance à des ressources techniques souvent restreintes et disponibles uniquement sur le lieu de travail. Ce partenariat est aussi une réponse à un besoin du marché local, car plus de 8,5 millions d’Algériens utilisent la version Zoom, plus de 90% d’entre eux utilisent la version gratuite, très limitée (qui se coupe toutes les 40 minutes malheureusement et dispose de fonctionnalités très limitées). Quant aux 10% restants, utilisant la version professionnelle et payante, la licence est achetée à un prix très fort en devises et au taux parallèle, outre des taxes locales.
De ce fait, ce partenariat a pour premier objectif de répondre aux besoins existants du marché, avec une offre commerciale compétitive à plus de 40% du prix public, avec un paiement local en monnaie nationale et une fiscalisation du revenu.
Le deuxième objectif est de mettre sur le marché une offre permettant d’augmenter la productivité individuelle, renforçant les outils du télétravail, accompagnant la formation à distance, ainsi que certains outils digitaux nécessaires pour le commerce et les services électroniques.
Par ailleurs, ce partenariat stratégique permettra de renforcer notre portfolio cloud en intégrant l’outil de visioconférence dans l’offre de messagerie et la collaboration pour en faire un produit de gestion de productivité pouvant rivaliser avec les produits des autres éditeurs mondiaux existants. Enfin, il faut savoir que la technologie Zoom permet de mettre en place un système hébergé en Algérie pour la conservation des données générées en local, ce qui permet d’utiliser cet outil en toute sécurité, ainsi que d’avoir une maîtrise et une souveraineté sur nos données.
Comment évaluez-vous le domaine des nouvelles technologies actuellement en Algérie ?
Il est très difficile de faire un constat, mais en même temps nous ne pouvons dénigrer ce qui a été réalisé en Algérie par les pouvoirs publics, même si beaucoup reste à faire. Nous avons toujours mesuré nos réalisations par l’obligation de moyens ; et à ce propos nous n’avons rien à dire car les chiffres sont là : 4 millions de foyers connectés au haut débit internet avec un minimum de 10 Mb/s jusqu’à 100 Mb/s, plus de 39 millions sur les 43 millions d’Algériens ayant la 3G ou la 4G, une pénétration de mobile de plus de 106%, des secteurs administratifs semi-digitalisés…
Cependant, ce qui nous manque, c’est l’obligation de qualité et de résultats, les projets Smart City tardent à venir. L’exemple des Jeux méditerranéens d’Oran, où la technologie n’est pas une priorité, donne la température sur l’introduction de la digitalisation dans les projets importants et structurants. La pénétration du e-payement et du e-commerce reste très faible, uniquement 153 web-marchands recensés sur 1,6 million et beaucoup d’autres chiffres que nous pouvons commenter.
Cette situation doit nous interpeller, mais en même temps nous faire prendre conscience qu’il existe une réelle opportunité de croissance, ainsi que de grandes opportunités à prendre. L’apport du numérique n’a jamais dépassé les 4% du PIB, alors que la moyenne est de 8 à 10% dans des pays similaires. Il faut noter aussi que la volonté politique existe au plus haut niveau pour la digitalisation du pays, portée par monsieur le président de la République lui-même et inscrite dans son programme. L’existence de trois ministères en est une preuve !
Peut-on parler de la naissance d’une économie digitale ?
J’aimerais à ce titre ne pas faire le distinguo entre une économie et une économie digitale. Je préfère parler d’une nouvelle ère économique ! Une économie connectée, basée sur une transformation totale de l’acte marchand où l’offre est accessible et en abondance 24h/24h, la comparaison des offres est en temps réel, ainsi que la livraison à domicile, où la gratuité devient le nouveau modèle économique avec des revenus indirects !
L’Algérie n’est pas en marge de cette révolution économique, l’informel s’est adapté à cette révolution avec le cash on-delivery, la problématique réside dans les encadrements juridiques qui ne sont pas en adéquation avec ces changements et un système bancaire qui freine considérablement, voire coupe l’élan de cette nouvelle économie qu’il faudra absolument revoir et très vite.
Entretien réalisée par : YASMINE AZZOUZ