La “bibliothèque de l’islam et l’exégèse des textes sacrés” se sont enrichies de la traduction du “noble Coran” et ses 114 sourates (éd. AlBayazin, 2022). L’ouvrage, qui a été présenté lors de la 25e édition du Sila, est l’œuvre de nos confrères l’écrivain-traducteur Messaoud Boudjenoun et le théologien Kamel Chekkat qui est aussi le rédacteur en chef adjoint de la revue Études islamiques au Haut-Conseil islamique (HCI). La traduction du Coran est d’essence vitale pour que les saintes écritures soient accessibles aux non-arabophones.
“Cette traduction du sens de ses versets et annotations contribue à faire connaître la dernière parole incréée de Dieu à ceux qui ne peuvent pas y avoir accès dans sa langue d’origine, qu’ils soient des non musulmans ou des musulmans”, lit-on en résumé du texte de la quatrième de couverture, par les plumes du duo d’auteurs.
À cet égard, l’œuvre “Le noble Coran” narre d’emblée l’histoire du corpus coranique ainsi que le caractère et le style inimitable du Noble Coran. Et bien qu’il a été révélé lors du “tenzil” (révélation) sur le Prophète Mohammed (QSSSL) dans sa mouture authentique et inédite en langue arabe, la translation du Coran existe néanmoins dans de multiples phraséologies africaines, asiatiques et européennes.
“Nous avons volontairement opté pour une transcription qui contrarie quelque peu les conventions et règles codifiées par les traducteurs en langue française mais qui conviennent et s’adaptent aux habitudes de lecture et aux usages du public auquel nous nous adressons”, écrivent les auteurs en guise de préambule. Et dans l’optique d’une reconnaissance, les co-auteurs évoquent les pionniers ou ceux qui les ont précédé sur l’itinéraire de la traduction, dont Hamza Boubekeur (1912-1995) qui était le père de Dalil Boubekeur, ancien recteur de la Grande mosquée de Paris (1992-2019).
S’ensuit celle de l’avocat Ahmed Laïmèche et de B. Bendaoud ainsi que celle de l’anthropologue et penseur des religions, Malek Chebel, (1953-2016) pour ne citer que ces travaux. À noter que la toute première adaptation du Saint Coran de l’arabe vers le perse est l’œuvre, au début du VIIe siècle, du prédicateur-traducteur Salman le Perse ou Salmān Al-Fārisi (568-657), qui a traduit le prologue du Coran qu’est la sourate El-Fatiha ou Fatihate El-Kitab (premier Hizb) et sept versets.
Puis ce fut la première traduction intégrale et certifiée du Coran qui a été ordonnée par le roi samanide Mansur 1er et matérialisée au XIe siècle en langue perse par un taleb (étudiant), en l’occurrence Khawâdjâ Abdallâh Ansârî du groupe d'étude du Grand Khorassan qui a écrit un tafsir entier du Coran.
Ce n’est qu’au XIIe siècle, que l’historien juriste-théologien Naǧm Al-Dīn Abū Ḥafṣ Al-Nasafī (1068-1142) a traduit le Coran en persan. Conséquemment à ces travaux, les manuscrits des trois livres ont survécu et ont fait l’objet de publication dans moult éditions.
Seulement, la traduction vers la langue de Molière n’obéissait pas à l’intention de connaître et d’apprécier le livre sacré, mais dans l’inavouable dessein tramé par des hommes d’église et des orientalistes afin de le réfuter en sa qualité de révélation divine, écrivent le duo d’auteurs en guise d’avertissement dans l’avant-propos.
D’un autre point de vue, la lecture du livre Le Noble Coran est une clé de compréhension pour le francophone qui y trouve le discernement par rapport à la mouture révélée en langue arabe.
LOUHAL Nourreddine