L’invasion russe contre l’Ukraine prend les relents d’un conflit mondial qui oppose désormais les deux premières puissances nucléaires. De nouveau, Washington et Moscou s’affrontent ouvertement. Arès un round d’observation, les États-Unis d’Amérique entrent dans l’arène avec un discours de plus en plus offensif de Joe Biden. En se déplaçant en Pologne, frontières immédiates du territoire de la guerre, le locataire de la Maison-Blanche a eu des mots extrêmement durs à l’égard du chef du Kremlin. Après l’avoir qualifié de “criminel de guerre” et de “boucher”, il a rajouté une salve lorsqu’il a carrément évoqué la nécessité de l’éjecter du pouvoir. “Poutine doit quitter le pouvoir”, a réclamé le président américain. En galvanisant ses soldats stationnés à 80 kilomètres de l’Ukraine, il leur annonce qu’ils sont “au milieu d’un combat entre la démocratie et un autoritaire”.
Cette montée en cadence dans le discours américain confirme le point de non-retour atteint par une guerre “éclair” conçue par Vladimir Poutine. Manifestement, le conflit se complique. Il n’est vraisemblablement qu’à ses débuts. Comme l’attestent ses pertes, l’armée russe s’enlise et Poutine semble faire face à une résistance à laquelle il ne s’attendait pas. À mesure que la crise dure, de nouvelles lignes de clivage se dessinent et l’équilibre des forces bascule.
Pour l’heure, les soutiens de l’Ukraine pèsent plus lourd que les amis de la Russie. L’implication de plus en plus affirmée des Américains remobilise au-delà des alliés. Dans cette bataille, Washington ne ménage pas ses efforts diplomatiques pour rallier un maximum de pays à la cause ukrainienne. C’est la mission confiée au Secrétaire d’État Antony Blinken qui sillonne la planète. Cette semaine, il est en tournée dans la région avec des visites visiblement bien ciblées. Israël, accessoirement la Cijordanie, le Maroc et enfin l’Algérie. En plus des dossiers classiques de coopération multiformes, la question ukrainienne est immanquablement la préoccupation principale de sa tournée.
Devant cette nouvelle ligne Maginot, les pays historiquement “non-alignés” se trouvent balancés entre l’œil de Moscou et l’oreille de Washington. C’est un laborieux exercice d’équilibrisme international auquel ils se livrent. Comment ne pas fâcher les Russes et ne pas s’attirer les foudres des Américains !? L’issue incertaine du conflit complique davantage des choix qui peuvent mettre en danger des intérêts vitaux. En temps de guerre, le vainqueur se souviendra toujours des “amis” et des “adversaires”.