En dépit de l’existence d’un conseil interprofessionnel qui devait assurer une meilleure organisation, des irrégularités persistent toujours au sein de l’oléiculture algérienne.
La filière oléicole a enregistré un développement remarquable ces dernières années. L’on dénombre une quarantaine de wilayas productrices d’huile d’olive à l’échelle nationale, surtout au Sud où sont recensées des fermes entières d’une superficie avoisinant les 3 000 hectares (ha).
“Désormais, la production de l’huile d’olive n’est plus exclusive aux terres situées en Kabylie”, a déclaré un producteur de renommée nationale. Cette culture, qui couvre actuellement une surface totale d’environ 490 000 ha au niveau national, s’étend à plusieurs régions, en plus de celles du nord du pays.
Cependant, ce producteur dénonce le manque d’organisation qui caractérise la filière. En dépit de l’existence d’un conseil interprofessionnel qui devait assurer une meilleure organisation, des irrégularités persistent toujours au sein de l’oléiculture algérienne.
L'État n’a pas mis suffisamment de moyens et le cadre institutionnel nécessaire et efficient pour la structuration d’une filière oléicole moderne. L’on note, déjà, une absence d’organisations professionnelles dignes de ce nom au niveau des territoires, une inexistence ou une faiblesse des circuits commerciaux.
La filière doit, en effet, se doter d’agents spécialisés, tels que les grossistes, les industriels, les négociants. L’on évoque également un problème d’élagage des arbres, un manque de travail du sol et les traitements phytosanitaires, des conditions de cueillette et de stockage inadéquates des olives destinées à la trituration… L’on déplore, également, la non-maîtrise de l’opération d’extraction (presse) et de stockage de cet aliment, ce qui se répercute sur l’huile d’olive, sa valeur nutritive et sa qualité.
Nos aînés stockaient l’huile d’olive dans des ustensiles en terree, alors qu’actuellement, beaucoup d’agriculteurs utilisent le plastique. Une extraction non maîtrisée de cet aliment fait perdre 20% de la quantité pressée, disent les spécialistes.
Une situation lamentable qui influe négativement sur le rendement et la qualité de ce fruit. L'Algérie est un pays oléicole, mais n'arrive pas à intégrer la dynamique créée au sein du marché international. Même la quantité d’huile d’olive consommée par individu demeure “faible” par rapport à la quantité produite localement.
Ce qui place l’Algérie aux dernières places en matière de consommation de cet aliment aux grandes valeurs nutritives avec une moyenne qui tourne autour de 1 litre/habitant/an. Or, les normes mondiales sont de 36 litres/hab/an.
L'oléiculture a, certes, obtenu des résultats encourageants après l'augmentation en 2021 des superficies cultivées à 440 000 ha avec une production totale de 7 millions de quintaux d'olives, dont 4,3 millions de quintaux d’olives à huile et 2,7 millions de quintaux d’olives de table.
“Aux quelque 500 000 ha dédiés à l’heure actuelle à l’olivier, soit l’équivalent de quelque 70 millions d’oliviers, un programme consistant en la plantation de
400 000 ha est en cours de réalisation à l’échelle nationale. Ce qui devrait porter la superficie totale dédiée à cette filière à 900 000 ha à l’horizon 2024”, a souligné le président du Conseil national interprofessionnel de la filière oléicole (Cnifo), M’hamed Belaâsla.
Mieux, si un certain nombre de conditions sont réunies et des contraintes levées, des opérations d’exportation pourront être effectuées.
Toutefois, si l’on veut être compétitif à l’exportation, le prix de l’huile d’olive, estimé entre 700 et 800 DA le litre, doit changer impérativement. L’objectif du Cnifo consiste à produire plus et mieux pour satisfaire le marché local d’abord et exporter ensuite.
“Durant les années 60, l’Algérie exportait de l’huile vers de nombreux pays, une situation avec laquelle on devrait renouer, a fortiori lorsque l’on sait que l’Algérie se trouve parmi les pays fondateurs du Conseil oléicole international”, a expliqué le président du Cnifo.
“Il est clair que les changements climatiques et tous les effets y afférents ont influé négativement sur la production agricole à l’échelle planétaire, d’où la nécessité pour nous de nous organiser davantage”, a-t-il ajouté, tout en mettant l’accent sur la nécessité de recourir aux procédés techniques modernes en vue de développer la filière oléicole.
Pour lui, si le processus de la production oléicole reposait sur des procédés techniques modernes, il ne fait pas l’ombre d’un doute que cette filière égalerait les dattes en matière d’exportation, assurant des entrées supplémentaires en devises pour le pays.
Face à un tel constat, des observateurs préconisent une structuration autour des coopératives en tant que force de proposition et de solutions pouvant contribuer au développement de cette filière stratégique.
B. K.