Unie pour l'Ukraine, Diss, petite ville de l'est de l'Angleterre, envoie camions d'aide, prépare des lits pour les réfugiés et même lève des fonds grâce à un cocktail au nom fleuri.
Comme beaucoup d'autres en Europe, la ville anglaise typique de 8000 habitants, avec ses salons de thé, son magasin d'antiquité pittoresque et son panneau avertissant les automobilistes des traversées de canards, veut prendre sa part pour aider l'Ukraine. Debbie Gaze explique à l'AFP avoir lancé un groupe Facebook pour accueillir les Ukrainiens qui fuient l'invasion russe, après avoir vu des images de réfugiés à la télévision : “Ça pourrait être ma grand-mère, ça pourrait être ma fille... J'aimerais que quelqu'un les aide si les rôles étaient inversés.” Plus de 3,7 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays depuis un mois, selon les Nations unies, dont 1,8 million d'enfants. Dans les 24 heures qui ont suivi le lancement de son groupe en ligne, 200 personnes prêtes à aider se sont manifestées.
Isolé
Des habitants ont contacté sur les réseaux sociaux des Ukrainiens qui fuient et les aident à demander leur visa. Au-dessus d'un champ pentu juste en dehors de la ville, près d'une base de la Royal Air Force de la Seconde Guerre mondiale, Tanya Chenery prépare un mobile-home dans son jardin pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Elle a été en contact avec une mère de 31 ans qui a fui l'Ukraine avec ses enfants de 8 et 11 ans. Sa soeur a également fui avec ses deux filles, et Tanya Chenery espère qu'elles puissent venir à proximité. “On va essayer de faire en sorte que la famille soit réunie”, ajoute-t-elle. “J'ai une voisine qui habite un peu plus haut sur la route, qui a proposé sa maison à sa sœur et ses deux enfants.” “Je lui ai expliqué que nous habitons à la campagne, que c'est très calme, voire isolé”, dit-elle, tandis que ses chiens se roulent dans l'herbe et que les jonquilles dansent avec la brise.
Après avoir tardé à assouplir les conditions d'accueil, le gouvernement britannique a délivré 18 600 visas selon sa procédure de regroupement familial, pour 34 500 demandes. Dans un entrepôt au milieu des champs, Jordan Coleman charge un camion de déménagement de l'entreprise familiale avec des cartons de produits médicaux, nourriture, produits pour bébé et équipement de camping, à destination de Korczowa, près de la frontière entre l'Ukraine et la Pologne. “Ça a commencé avec un paquet de biscuits le matin à 9h00, et d'ici au déjeuner on avait déjà sans doute la moitié d'un chargement de camion”, explique-t-elle au premier jour de la collecte. “J'ai quatre enfants, alors voir les images de femmes avec des enfants qui doivent laisser leurs maris derrière elles, ça a vraiment touché une corde sensible.” Dans les cartons envoyés à la frontière sont ajoutés en soutien des dessins, des poèmes et des prières d'écoliers.
Faire quelque chose
Au Burston Crown, le pub un peu plus bas, la propriétaire, Bev Kemberry, verse une tournée de son cocktail au couleurs du drapeau ukrainien, destiné à recueillir des fonds. “C'est un ‘fuck Poutine’ ” (que Poutine aille se faire foutre), explique-t-elle, une boisson à cinq livres sterling (6 euros), “mangue, vodka, Curaçao bleu et Bacardi”, qui lui a permis depuis son lancement, il y a une semaine, de recueillir 340 livres pour les victimes du conflit. “Ça a beaucoup, beaucoup de succès”, explique Bev Kemberry, qui tient l'établissement avec son époux Steve. “Mon mari et moi on regardait les informations, comme tout le monde vraiment bouleversés de voir ce qui arrive à des familles qui sont comme nous”, raconte-t-elle. “Ça m'a fait comprendre que ce n'est pas loin. Et on veut juste faire quelque chose.”
AFP