Au moment où tout le monde s’attendait à une invasion par la Russie de l’Ukraine, le président Vladimir Poutine a sorti une autre carte face à ses voisins européens et ses rivaux américains.
En réponse à la décision du président russe, Vladimir Poutine, qui a reconnu officiellement lundi l’indépendance de deux régions séparatistes (Donetsk et Lougansk) de l’Ukraine, les pays européens et les États-Unis ont annoncé un certain nombre de sanctions économiques, mais sont loin d’être à la hauteur du ton adopté depuis plusieurs semaines contre Moscou.
Ainsi, l’Allemagne a annoncé hier la suspension du projet de gazoduc russe Nord Stream 2, devant alimenter Berlin en gaz russe, alors que le Premier Ministre britannique Boris Johnson a annoncé des sanctions contre trois oligarques considérés comme proches du Kremlin et contre cinq banques russes.
Quant à l’Union européenne, elle étudie une série de mesures de rétorsion supplémentaires, mais qui ne feront certainement pas de mal à une Russie qui est déjà sous le coup de nombreuses sanctions loin de faire flancher Vladimir Poutine.
Ce dernier a la carte du gaz qu’il peut utiliser à n’importe quel moment contre Bruxelles, ce qui explique les réactions pour le moment mesurées de l’UE, de même de Kiev qui se retrouve plus que jamais piégée entre ces deux blocs politiques.
La Maison-Blanche, qui a interdit toute transaction par des personnes américaines avec les régions séparatistes, devait aussi prendre de nouvelles sanctions. “Nous pensons que c'est, oui, le début d'une invasion”, a déclaré sur CNN un haut responsable de la Maison-Blanche, Jonathan Finer.
La veille, la présidence s'était gardée de franchir ce pas, parlant plutôt de “violation flagrante” des engagements internationaux de Moscou.
La Russie maintient parallèlement le mystère sur les intentions de Poutine quant au déploiement des soldats russes à l’intérieur des deux “nouvelles” Républiques séparatistes, prélude d’un démembrement de l’Ukraine déjà amputée de la Crimée qui fait partie de la Fédération de Russie depuis mars 2014 sans que la communauté internationale puisse bouger le petit doigt.
Après son annonce, le président Vladimir Poutine a, en outre, ordonné le déploiement de troupes dans l'est du territoire ukrainien, mais ni l'ampleur ni le calendrier n'ont été révélés, alors que le spectre d'une guerre d'ampleur grandit, la Russie ayant 150 000 hommes aux frontières de son voisin.
Hier en milieu d’après-midi, le Conseil de l’Europe a réagi en affirmant “son soutien indéfectible à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues”, a indiqué Mme Buric, appelant Moscou “à revenir sur cette décision et à s'abstenir d'aggraver la situation”, a rapporté l’AFP.
Par ailleurs, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé “une violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de l'Ukraine (...) incompatible avec les principes de la Charte des Nations unies”.
Si beaucoup de pays et organisations ont dénoncé la position russe et ses agissements, certains demeurent contre l’expansionnisme de l’Alliance atlantique vers l’Est, sous la pression des États-Unis, poids lourds de l’Otan que Moscou essaie de repousser loin de ses frontières avec l’Europe.
Plusieurs voix appellent, en effet, les pays européens à quitter cette organisation, née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans le sillage du début de la guerre froide ayant opposé l’ex-République soviétique (blocs de l’Est) aux blocs de l’Ouest.
Si l’idée d’une force européenne fait son chemin, l’Otan reste pour le moment la seule force d’interposition sur laquelle s’appuient les pays de l’UE, mais dont les intérêts sont loin de ceux des États-Unis.
Lyès MENACER