Liberté : En faisant une lecture des derniers chiffres relatifs à la pandémie, peut-on dire que celle-ci est derrière nous ?
Dr Mohamed Melhag : La situation est stable certes, car cela fait plusieurs jours qu’on constate une décrue. En effet, les indicateurs affichent une significative diminution de soit des cas de contamination confirmés par PCR, des hospitalisations en réanimation au niveau des services et unités de soins intensifs, soit du nombre de décès. Cependant, il faut rappeler que nous sommes en pleine pandémie et que les chiffres enregistrés à travers le monde sont de plus en plus inquiétants. Il y a recrudescence des cas donc, nous ne sommes pas à l’abri, car il s’agit d’une pandémie mondiale et il ne faut pas oublier que le virus est parti, il y a plus de deux ans, depuis la ville de Wuhan en Chine. Actuellement, le virus se propage d’une manière inquiétante à travers tous les continents. À titre d’exemple, je cite les États-Unis d’Amérique en Amérique du Nord, du Brésil en Amérique latine où il y a beaucoup de cas et bon nombre de décès. En France, il y a deux jours, ils ont enregistré 1 600 nouveaux cas et 139 décès, ainsi qu’en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne. En Afrique, le pays le plus touché, c’est l’Afrique du Sud, et en Asie, c’est le Japon. Et la Chine a fermé la ville de Schanghai pendant dix jours dont cinq jours pour le côté Est et cinq jours pour le côté Ouest. Localement, notre préoccupation majeure, c’est que nous n’avons pas atteint l’immunité collective dont des études ont montré que le variant Omicron, qui a infecté bon nombre de la population, induit une très faible immunité en matière d’anticorps neutralisants, et du coup, nous ne pouvons pas dire que nous avont a atteint l’immunité collective laquelle, selon l’OMS, doit atteindre 70% de la population générale, d’autant plus que le taux de vaccination n’a pas dépassé, selon les chiffres officiels, les 32% de la population cible.
Les chiffres relatifs à la pandémie ont entraîné un état de relâchement qui s’est accentué depuis une semaine avec les préparatifs du Ramadhan. Cela n’est-il pas dangereux ?
Tout à fait ! Cela fait plusieurs jours que nous constatons à travers toutes les villes un état de relâchement généralisé qui devient inquiétant avec le mois sacré. Nous ne cessons de répéter que les mesures d’allègement, édictées par les pouvoirs publics, visent un retour à la vie normale, et non l’abandon des gestes barrières. Hier, pour constater de visu le comportement de nos concitoyens, au niveau des marchés et autres endroits où les citoyens se rendent en masse, j’ai remarqué que les personnes portant un masque sont de plus en plus rares. Il me semble que nos concitoyens n’ont pas bien compris la stratégie des autorités publiques. Il y a une différence entre cohabiter avec le virus et la disparition de la pandémie. La fin d’une vague n’est, en aucun cas, la fin de la pandémie et les exemples cités sont on ne peut plus probants. La source n’a jamais été locale. Le virus apparaît dans un pays, sévit et se propage à une grande vitesse dans d’autres. Omicron est toujours dominant.
Qu’en est-il de la reprise des activités dans les établissements hospitaliers ?
Je ne peux que dire que cette reprise est normale car nous étions dans une situation exceptionnelle qui a nécessité de suspendre toutes les activités hospitalières dont les interventions chirurgicales et le suivi de certaines pathologies qui ne rentrent pas dans le cadre des urgences.
Dans les pays où les moyens humains et matériels ne font pas défaut, les interventions et les différents programmes ne sont jamais arrêtés. La prestation de service, notamment pour les malades chroniques, est assurée. Les données épidémiologiques actuelles publiées par les autorités sanitaires du pays indiquent que nous sommes dans une situation d’aisance, et du coup, un retour à la normale s’impose de facto.
Entretien réalisé par : Faouzi SENOUSSAOUI