L’instabilité politique chronique à Bamako et le retard pris dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger ont favorisé le retour des groupes terroristes dans cette région du Mali, où la porosité des frontières avec le Niger et le Burkina Faso voisins ont transformé cette zone en un véritable enfer.
Au moins seize soldats maliens ont été tués lundi dans le centre et l’est du pays dans deux attaques distinctes attribuées aux groupes terroristes, dont une a été revendiquée par l’organisation autoproclamée État islamique, selon un bilan de l’armée publié dans la nuit de mardi à hier.
Un précédent bilan faisait état de quatre soldats maliens tués au total à Tessit (Est) et à Boni (Centre), a rapporté l’AFP. Pour sa part, l’armée malienne affirme avoir “neutralisé” trente-sept terroristes.
Depuis quelques semaines, l’organisation terroriste, qui se fait appeler désormais “l’État islamique dans la province du Sahel”, a mené plusieurs attaques, notamment dans l’Est frontalier avec le Niger, où de violents combats les ont opposés au Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) et au Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia).
Les terroristes ont faite plusieurs victimes civiles, notamment dans les villages et les zones isolées, où ils ont tout brûlé et volé. Des dizaines de têtes de bétail ont en effet été volées par les terroristes, qui, eux aussi, ont subi des pertes humaines et matérielles, selon le MSA et Gatia. Ces derniers affirment également avoir récupéré, lors de leur offensive, plus de deux cents têtes de bétail.
Ce n’est pas la première fois que les groupes terroristes s’en prennent aux populations civiles, mais aussi à l’armée malienne qui a payé un lourd tribut, en dépit d’une importante présence militaire étrangère, dont celle des forces onusiennes de la Minusma et de l’opération française Barkhane qui a entamé son retrait du Mali, dans un contexte de brouille diplomatique entre Bamako et Paris, en raison de l’appel fait par la junte malienne au pouvoir à la controversée société de sécurité russe Wagner.
Mais la dégradation de la situation sécuritaire dans ce vaste pays du Sahel ne date pas d’aujourd’hui.
L’instabilité politique chronique à Bamako et le retard pris dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger, signé en 2015, ont favorisé le retour des groupes terroristes dans cette région du Mali, où la porosité des frontières avec le Niger et le Burkina Faso voisins ont transformé cette zone en un véritable enfer.
Malgré les assurances des militaires maliens, qui font état régulièrement de dizaines de terroristes tués, la situation demeure très fragile sur le double plan politique et sécuritaire au Mali, sur fond de pression de l’organisation ouest-africaine contre la junte, pour remettre le pouvoir aux civils dans les plus brefs délais.
Mais le président de transition et chef de la junte, Assimi Goïta, ne semble pas prêt à céder à ces pressions, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour une transition apaisée dans l’immédiat.
Lyès MENACER