Au-delà des buts matériels qu’elle fournit comme l’abri et la sécurité, l’architecture à un impact considérable sur l’homme, car les endroits où nous vivons agissent sur nos pensées, nos sentiments et plus qu’on ne le pense : sur nos comportements.
L’un des plus grands enjeux de l’architecture est d’émouvoir la société et les gens qui y vivent. Ces masses qui se dressent et qui construisent notre environnement ont un effet non négligeable sur notre bien-être ou…notre mal être.
Dans la société commerciale moderne, les édifices sont largement perçus en termes de financement. Les matières premières peuvent jouer un rôle sur le plan pratique et émotionnel d’un individu, dans la mesure où l’être humain demeure conscient de l’importance de prendre soin de la planète et de son environnement. La conception architecturale peut bien participer à ce mouvement.
« Nous façonnons nos bâtiments, par la suite, ils nous façonnent” cette réflexion de Winston Churchill en 1943 soulève l’importance de l’architecture à coopérer à la conception de la société. L'architecture sert l'homme et crée un espace pour son corps et son esprit : l'homme définit les espaces dans lesquels il vit et l'espace définit à son tour les activités de l'homme. On en déduit donc que cette relation individu-architecture est un chemin à double sens.
L’orchestration entre art et science
Avec l’essor des neurosciences, les chercheurs s’interrogent sur comment utiliser cette meilleure compréhension du cerveau pour améliorer la conception architecturale. Plusieurs groupes de recherche ont analysé dans quelle mesure la conception des hôpitaux, notamment psychiatriques, influe sur les comportements et l'évolution de l'état de santé des patients. La conclusion était évidente, l’architecture peut s’intégrer aisément à la thérapie.
Une question de choix
Les résultats affirment que notre cerveau est affecté par certains accords physiques de l’espace. Des études réalisées ont démontré que la hauteur des plafonds joue sur notre façon de penser. Dans un bloc opératoire, un plafond bas est préférable car le chirurgien doit avoir l’impression de confinement qui inspire à s’attarder sur les détails, Inversement, les hauts plafonds sont utilisés pour la pensée libre.
D’autres études sur la géométrie ont montré que les pièces aux contours cintrés sont plus enchanteresses que celles aux contours droits. On justifie cela au fait que les formes angulaires sont moins fréquentes dans la nature.
L’utilisation de la couleur laisse une impression sur l’esprit et transmet un message qui joue un rôle important sur l’humeur psychologique. Le choix des couleurs doit renvoyer à l’ambiance qu’on souhaite dégager d’un lieu. Les couleurs conditionnent notre humeur, et donc nos attitudes.
Tout ce qui constitue un espace, tel que les textures, les odeurs, les sons, voire même l’aménagement spatial, créent des informations captées par le corps grâce aux sens, qui sont ensuite traitées par le cerveau.
Effets à court et à long terme de l'architecture sur le cerveau
Après avoir approché un édifice, tous les organes sensoriels travaillent pour transmettre des informations au cerveau. Ce dernier réagit en fonction de notre expérience des lieux. Ces réactions peuvent être de courte durée, tel que produire une émotion, ou au contraire s’enregistrer dans la mémoire de façon durable, et donc induire à des comportements au long terme et aller jusqu’à affecter la personnalité. On constate que la manière dont nous percevons les œuvres architecturales et le comportement que nous adoptons ont un lien direct avec nos souvenirs.
Les architectes ont la capacité de façonner notre perception de l’espace et d’affecter à la fois le corps et l’esprit ainsi que de promouvoir la santé ou la maladie. Dans une planète où la santé de ses occupants est primordiale, la mauvaise conception, serait interprétée comme le crime qui mène à nuire à la santé de l’esprit collectif.
Hayet BAZIZ
(Partenariat "LIBERTÉ-Digital"/"LEAD")