Cette rencontre a permis de revisiter le parcours singulier de cette voix typique de la radio kabyle, qui cumule 333 œuvres, dont 283 textes radiophoniques en tamazight, 9 en français, 34 en arabe et 7 autres textes filmés pour la télévision.
Un vibrant hommage a été rendu, dimanche, au doyen du théâtre radiophonique en Algérie, Saïd Zanoun, 88 ans, au théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou (TRTO). Organisé à l’occasion de la Journée mondiale du théâtre, la rencontre a permis de revisiter le parcours singulier de cette voix typique de la radio kabyle, qui cumule 333 œuvres, dont 283 textes radiophoniques en tamazight, 9 en français, 34 en arabe et 7 autres textes filmés pour la télévision. Il est aussi un bédéiste émérite.
Lors de cet hommage, Saïd Zanoun a raconté, avec passion, une partie de son riche parcours ayant débuté dans les années 1950. “À l’époque, il y avait le coiffeur Alphonse, à Alger, qui avait une grande surface avec deux salles : une pour les hommes et une autre pour les femmes. Un jour, il me sollicita pour lui dessiner le portrait d’une femme avec une belle chevelure. J’avais alors réalisé le portrait de l’actrice Veronica Lack. Il était signé SAZ”, a-t-il raconté. “Un jour, Pierre Jacarez, responsable de Dépêche Magazine, se faisait couper les cheveux chez le même coiffeur. Le portrait l’a tellement subjugué qu’il m’a convoqué”, a-t-il ajouté. Pour ce qui est de la radio, c’était à la demande de Louisa Kherfallah. “Elle m’avait suggéré d’écrire des contes pour la chaîne kabyle. En arrivant à la radio, j’ai retrouvé de grands noms, notamment Cheikh Noureddine, Arezki Nabti, Ali Abdoun et d’autres.
C’était, ainsi, le début d’une autre aventure”, a-t-il relaté. “C’était merveilleux. La radio était une école à cette époque-là”, a souligné Saïd Zanoun, regrettant le fait qu’actuellement il y ait moins de production dans le théâtre radiophonique. “À cette époque-là, il y a avait du théâtre tout le long de la semaine. Avec 8 millions d’habitants, on avait du théâtre 7 jours sur 7. Aujourd’hui, avec plus de 40 millions d’habitants, on diffuse uniquement une pièce à… 2h du matin. On est mort !” a regretté Saïd Zanoun. “Nous avons une jeunesse qui a besoin d’apprendre et qu’il faut former. Avec le déclin du théâtre radiophonique, on rate surtout l’éducation de nos enfants”, a-t-il poursuivi.
S’exprimant en marge de cette cérémonie, la directrice de la culture de Tizi Ouzou, Mme Nabila Goumeziane, a évoqué un monument de la culture et de la radio algérienne. “Il a marqué de son empreinte les arts dans notre pays, notamment le théâtre radiophonique et la bande dessinée dont il fut le doyen”, a-t-elle souligné. “Il a été le premier à introduire le théâtre radiophonique d’expression amazighe en Algérie à travers les ondes de la radio. Il a produit des centaines des pièces radiophoniques dans les trois langues, comme il a participé à l’écriture des scénarios pour plusieurs films pour la télévision algérienne”, a-t-elle rappelé.
À noter qu’en plus de cette rencontre autour de la vie de Saïd Zanoun, le TRTO a également abrité une exposition sur le théâtre, une cérémonie de remise de diplômes aux participants à l’atelier de formation et d’initiation à l’actorat, ainsi qu’une interprétation d’un passage de la pièce théâtrale Babor Ghreq, de Slimane Ben Aïssa, par le jeune comédien Azeddine Hadj Mohand.
K. Tighilt