L’Actualité

Le mot de la fin

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Ahmed IFTICEN Publié 14 Avril 2022 à 12:00

Un proverbe algérien dit “ma yebqa fel oued ghir hdjarou” (ne restera de la rivière que ses galets). À partir d’aujourd’hui, on ne gardera de Liberté que le nom. Le quotidien d'information qui a porté, durant 30 ans, le fardeau de la lutte pour la liberté d’expression et d’opinion s’éteint aujourd’hui. Ce média symbolique, très actif jusqu’au dernier jour de son existence, ne sera à partir d’aujourd’hui qu’une référence archivée. Personnellement, moi, Ahmed Ifticen, journaliste de la rubrique sportive, c’est tout à mon honneur d’appartenir à cette rédaction (famille) de Liberté, mais aussi triste de vivre ses derniers jours.
Une décennie en compagnie de mes confrères – plutôt frères – sans le moindre conflit ni même incident, c’est plutôt rare dans une rédaction qui, généralement, est une arène de débats d’idées. Ce n’était pas le cas pour moi, qui adoptais déjà la ligne éditoriale du journal avant même de le rejoindre, le 2 mai 2012. Faire partie de la rubrique sport, l’une des plus brillantes dans son domaine au niveau national, ne m’a poussé qu’à aimer davantage le métier de journaliste. Issu d’une presse spécialisée (le quotidien sportif Compétition), mon intégration à Liberté n’était qu’une simple formalité au sein d’une rédaction sportive composée de collègues que je connaissais parfaitement bien avant de se retrouver ensemble. Partageant le même bureau au niveau -1 de l’immeuble du journal, à Oued Romane, sur les hauteurs d’Alger. Le maître à bord, Samir Lamari, était cette locomotive qui nous permettait de rester à la page chaque jour. Samir reste ce professionnel qui a fait de son boulot une vraie passion. Il y avait aussi l’artiste Nazim Tolba. Un ami avant d’être un collègue de bureau. Lui c’était le stabilisateur, la sentinelle de la rubrique. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai rejoint la rédaction sportive de Liberté. Avec Nazim c’étaient des aventures à l’étranger — El-Marsa en Tunisie, ou encore Tripoli en Libye – que nous avons partagées dans le cadre de notre boulot, avant même de travailler pour le même journal, n’est-ce pas Nazim ? Mais le charme de la rubrique sportive de Liberté reste le “petit frère”, Sofiane Mehenni, fervent supporter de Manchester United. Nous étions deux à promouvoir la Premier League anglaise au bureau, étant moi aussi fan de Liverpool alors que les deux autres confrères ne voyaient que le Real de Madrid, comme référence. Gentil et serviable, Sofiane était le plus jeune de nous trois. Mais il était aussi professionnel et fut l’un des meilleurs de sa génération. à vrai dire, il n’était pas si jeune que cela, mais il a toujours été considéré comme un petit frère. C’est dire que cette petite équipe de la rédaction sportive, complétée par des collègues correspondants et pigistes, à l’image du doyen Mohamed Haouchine, du vétéran Rachid Abbad, de l’Oranais Rachid Belarbi, de l’infatigable Farès Rouibah ou encore l’ange de Constantine, Samir Hamdi était une force supplémentaire de qualité. Ils font partie de ces galets de cette rivière sèche.
Remonter tous ces souvenirs me donne cette fierté et cet honneur de partager modestement une petite partie de l’histoire de Liberté. Mais en contrepartie, il y a cette peine, cette angoisse de savoir qu'à partir d’aujourd’hui, cet espace d’expression ne sera plus accessible.
Généralement, à la tombée des rideaux nous applaudissons le spectacle auquel nous avons assisté. Mais ce n’est pas le cas pour Liberté. Nous avons espéré sa survie jusqu'à la dernière seconde, souhaitant voir Liberté durer encore plus, beaucoup plus longtemps, hélas! Le poète a dit “xas neqden achhal d itri, igenni ur inegger ara” (même si tant d'étoiles se sont anéanties, le ciel ne s’anéantira jamais).

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

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    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00