Événement culturel majeur, le Salon international du livre d’Alger revient ce jeudi après deux années d’absence. Un retour tant attendu par les éditeurs, les écrivains et surtout par les lecteurs qui, le temps d’une semaine, renouent massivement avec la consommation de la culture.
Si pour beaucoup, Sila rime seulement avec expositions et ventes de livres, cette manifestation est plus que cela, plus qu’un marché où s’écoulent les ouvrages ! En effet, le Salon international du livre d’Alger est une bouffée d’oxygène dont “nous nous nourrissons” l’âme et l’esprit. La preuve, il a réussi à s’imposer et à s’implanter sur la scène culturelle algérienne, et ce, depuis 25 ans.
Le Sila est sans conteste l’événement phare à l’échelle nationale. D’ailleurs, pour chaque édition, il attire le million de visiteurs ; un engouement inédit et unique en Afrique et dans les pays arabes. Ce constat devrait mettre fin aux idées reçues sur les Algériens, qui ne “consommeraient” pas la culture !
L’Algérien la consomme et en est même demandeur… Et selon un sondage réalisé par le commissariat du Salon, ce sont les jeunes âgés entre 15 et 29 ans, qui totalisent plus du tiers de l’échantillon (36,4%) à s’y intéresser. Preuve, également, que le livre dans ses différents genres (scientifique, roman, nouvelle, poésie…) est convoité et prisé par le grand public ; le Sila attire des visiteurs de tout le pays.
“Le public est très représentatif de la société algérienne du point de vue des tranches d’âges, des sexes et des catégories socioprofessionnelles”, a souligné le commissaire du Salon, Mohamed Iguerb. Et d’ajouter : “La fréquentation familiale y est très forte, boostant la présence des enfants, au point qu’au fil des ans, il a fallu leur réserver un espace spécialisé.” Ces déclarations témoignent de l’importance de ce rendez-vous devenu incontournable dans un pays qui compte seulement une quarantaine de librairies ! Si les mauvaises langues réduisent le Salon du livre aux vendeurs de chawarma, gaufres ou simple distraction, cela n’est nullement le cas…
Lors des précédentes éditions, jeunes et moins jeunes, interrogés sur leurs “balades” dans le pavillon central, étaient catégoriques sur leur venue : le Sila est le seul espace où l’on peut se procurer des ouvrages, et “j’économise depuis des mois pour m’offrir des titres”, et ce, malgré la crise économique.
Sur ce point, les éditeurs partagent le même avis. Car le Sila est considéré comme une “rentrée littéraire” — avant la pandémie, l’événement avait lieu entre octobre et novembre — et les chiffres d’affaires explosaient pendant cette période. Une opportunité pour les maisons d’édition, de renflouer un tant soit peu leurs caisses.
Le Sila, lieu de communion
Outre le fait d’acquérir des ouvrages inédits — participation de maisons d’édition des quatre coins du pays –, l’une des singularités de ce salon est la magie qui s’opère à chaque édition, entre éditeurs, auteurs et visiteurs.
D’ailleurs, après cette absence de deux ans, engendrée par la crise sanitaire, une grande effervescence est palpable chez les éditeurs qui se réjouissent de reprendre leur activité après une période mortifère, et durant laquelle, la chaîne du livre (imprimeurs, éditeurs et libraires) a pratiquement été rompue. Aussi, l’un des noyaux du Sila n’est autre que les écrivains, entre jeunes plumes et auteurs renommés qui vont à la rencontre de leurs lecteurs, à travers les traditionnelles ventes-dédicaces, rencontres et autres.
Des écrivains comme Amin Zaoui, Anouar Benmalek, Rachid Boudjedra, Akli Tadjer, Rabia Djelti, Kawther Adimi, Yahia Belaskri, pour ne citer que ceux-là, se prêtent au jeu des questions/réponses ou à faire des selfies avec les plus jeunes, et ce, dans la bonne humeur. De vrais moments de communion ! Ce rendez-vous est également “the place” pour les retrouvailles, notamment celles des auteurs de l’autre rive qui, le temps d’un café, partagent leur passion pour la littérature et leur fascination pour l’Algérie.
À ce propos, cette 25e édition, qui aura lieu du 25 mars au 1er avril, promet d’être “explosive”, car elle marque le retour à la vie normale, livresque et culturelle. Inscrite sous le thème “Le livre, passerelle de mémoire”, elle verra la participation record de 1 250 exposants nationaux et étrangers venus de 36 pays.
Organisée dans un contexte particulier — rupture et le 60e anniversaire de la fête de la Victoire —, des conférences, des tables rondes, des rencontres seront au menu, une semaine durant. C’est ainsi l’occasion de s’abreuver de savoir et de renouer avec “ces faiseurs de rêves”, avec lesquels, à travers leurs histoires et leurs mots, nous avons pu voyager, malgré la fermeture des frontières.
Hana MENASRIA