Dans son allocution d’ouverture, la patronne du PT – qui devrait, sans surprise, être reconduite à la tête de son parti – a eu des mots durs, mêlant indignation et révolte, en raison de la situation politique du pays, marquée par “une répression sans précédent”.
C’est une Louisa Hanoune en colère qui s’est présentée, hier, au 8e congrès ordinaire de sa formation politique, le Parti des travailleurs, qui se tient, les 25 et 26 mars, à l’hôtel El-Riadh de Sidi Fredj. Dans son allocution d’ouverture, la patronne du PT, qui devrait, sans surprise, être reconduite à la tête de son parti, a eu des mots durs, mêlant indignation et révolte en raison de la situation politique du pays, marquée par “une répression sans précédent et tous azimuts” contre “des Algériens qui ne font qu’exercer leurs droits politiques et citoyens garantis par la Constitution”.
Son intervention d’une heure et demie, devant les militants de son parti (plus de 300) et de plusieurs personnalités, dont la moudjahida Zohra Drif-Bitat, des militants de plusieurs partis politiques et des acteurs du mouvement associatif, a été consacrée en grande partie à commenter la scène politique nationale “plombée” par l’emprisonnement de militants, activistes, journalistes, acteurs associatifs et citoyens de tous bords. “Nous vivons une période sombre et difficile. L’activité politique est incriminée, des militants sont pourchassés et des centaines de citoyens, parce qu’ils ont exercé leur droits constitutionnels de liberté d’expression et d’exercice politique, sont jetés en prison, foulant, au passage, les lois de la République”, s’indigne la pasionaria sortante du PT.
Pour Louisa Hanoune, ce contexte “explosif” n’inspire rien de bon. Jamais, rappelle-t-elle, “le pays n’a été aussi malmené, les libertés empêchées et la justice piétinée”, s’offusque la femme politique, avant de s’interroger : “Que leur reproche-t-on ? Qu’ont-ils commis de criminel les Tahar Khouas (militant associatif), Hamou Boumediène (militant du RPK), Abdennour Abdesselam (chercheur et militant associatif) tous en prison, ou encore des dizaines d’autres citoyens, jeunes, femmes et hommes ?” Pour la patronne du PT, il s’agit, ni plus ni moins, d’“une dérive autoritaire qui ne dit pas son nom”.
Sinon, ajoute-t-elle, “comment expliquer que des journalistes soient également mis en prison, sans procès et arbitrairement ! (…) Je veux citer ici le cas de Mohamed Mouloudj, journaliste du quotidien Liberté, ou encore le cas du journaliste Abdelkrim Zeghileche, deux professionnels sous mandat de dépôt depuis plusieurs mois”. Ce fut l’occasion pour Louisa Hanoune de fustiger l’article 87 bis, sur la base duquel plusieurs citoyens sont accusés d’appartenance à un groupe terroriste. Une “aberration”, dit-elle. “L’article 87 bis est une grave dérive”, martèle-t-elle encore, en plaidant pour son abrogation immédiate. Le sombre tableau brossé par la pasionaria du PT ne s’arrête pas là.
Dans la deuxième partie de son intervention, Louisa Hanoune a décrit, hier, un pays en panne, paralysé sur les plans social et économique. “Flambée des prix des produits de première nécessité, recul manifeste du pouvoir d’achat, pénurie de plusieurs produits alimentaires, pénurie de médicaments, chômage endémique, fermeture massive des entreprises”... bref, “il s’agit bien d’une grave crise, avec des indicateurs catastrophiques, plongeant des couches entières de la population dans la précarité et, dans certaines situations, dans la pauvreté”. Les raisons de cette situation peu reluisante sont connues, selon Mme Hanoune, qui pointe ainsi du doigt les autorités du pays, “responsables de ce naufrage (...).
Sans vision politique et économique, les autorités gèrent le pays de façon anarchique.” Pis, “les dirigeants mènent une politique antinationale, comme en témoigne la loi de finances 2022 qui ne fait que précariser davantage les couches populaires et les travailleurs”, fustige Louisa Hanoune. Pour elle, il faut absolument mettre un terme à cette “dérive” dont les conséquences “sont déjà visibles et durement ressenties par les Algériens”. La solution ? Elle est politique, selon la patronne du parti trotskiste, qui a eu l’occasion de répéter, hier, que le salut viendrait d’un nouveau processus démocratique.
“Il faut créer de nouvelles conditions permettant l’exercice politique libre, l’arrêt des harcèlements contre les partis politiques, les journalistes, les syndicalistes. Il faut, préconise-t-elle, ouvrir un dialogue serein, libre et élargi à toutes les volontés du pays.” Mais pour ce faire, Louisa Hanoune met une exigence à ce processus salutaire à ses yeux : “Cela exige dès maintenant la libération immédiate de tous les détenus politiques et d’opinion.” Sur un autre volet, lors de son intervention, la secrétaire générale du PT a également plaidé pour la sortie de l’Algérie de la Ligue arabe qui, selon elle, est “aujourd’hui soumise aux forces impérialistes et à l’entité sioniste”. L’élection du secrétaire général du PT est prévue aujourd’hui.
Karim Benamar