Alors que Charaf-Eddine Amara a été invité par les décideurs à se sacrifier pour absorber la colère populaire grandissante, Djamel Belmadi entretient le suspense. Décryptage.
Le désormais ex-président de la FAF, Charaf-Eddine Amara, est reparti exactement comme il est venu. Désigné une année presque jour pour jour par les pouvoirs publics à la tête de la FAF en remplacement de Kheireddine Zetchi, lâché par les décideurs en raison de ses liens supposés avec l’ancien clan au pouvoir, lors du simulacre de scrutin du 25 avril 2021, Charaf-Eddine Amara a été invité à se sacrifier pour absorber la colère populaire de plus en plus grandissante.
Le maillon le plus faible de la chaîne, le “préposé” au football national, n’a finalement pas survécu à la double humiliation de la CAN 2021 et de la disqualification du Mondial 2022, au moment où le principal responsable de cet échec, en l’occurrence le coach Djamel Belmadi, cogite encore sur sa terre d’accueil, le Qatar, quant à son avenir avec les Verts.
De son propre aveu, Charaf-Eddine Amara cristallisait toute la colère populaire, en témoignent les millions de “messages intempestifs” qu’il a reçus, notamment sur les raiseaux sociaux et même sur son propre portable depuis le cauchemar, mardi dernier, au stade Tchacker.
“Aujourd'hui, je prends acte de me retirer. L’élimination de l'équipe nationale ne doit pas être perçue comme un drame national, même s'il s'agit d'une déception populaire”, souligne-t-il en conférence de presse.
Ce n’est visiblement pas l’avis des décideurs et des algériens, qui estiment que l’échec est trop cuisant pour en faire un simple fait de début de mandat, d’autant plus que depuis son arrivée à la tête de la FAF, Charaf-Eddine Amara a tardé à mettre en place une véritable politique de réforme du football national. Outre la question des statuts qui n’ont pas été amendés alors qu’ils auraient pu doter la Fédération de nouvelles commissions juridictionnelles indépendantes et compétentes et surtout de compétences cooptées au sein du bureau fédéral, Charaf-Eddine Amara a laissé trainer le projet de réforme du professionnalisme, censé être présenté au gouvernement.
Cependant, à voir de près, il est utile de s’interroger si le départ de Charaf-Eddine Amara n’est pas pour faciliter un éventuel maintien de Djamel Belmadi à la tête des Verts, dont le contrat objectif avec la FAF est arrivé à terme en raison de l’échec face au Cameroun. “J'ai discuté avec Belmadi (après le match contre le Cameroun, ndlr). Il ne m'a pas donné une réponse précise. Mais pour ma part, je souhaite qu’il poursuive sa mission à la barre technique de l'équipe algérienne”, indique Charaf-Eddine Amara.
“ Je dois lui parler dans les prochains jours, pour essayer de le convaincre de rester. Il y a les qualifications de la CAN-2023 (début en juin prochain, ndlr) qui approchent à grands pas. C'est vrai que nous avons échoué à nous qualifier pour la Coupe du monde, mais cette équipe a du potentiel qui lui permettra de rebondir”, estime pour sa part le président intérimaire de la FAF, Mohamed Maouche. Mardi soir, lors de la conférence de presse d'après-match, Djamel Belmadi était resté évasif sur son avenir à la tête des Verts.
“Le jour où je sentirai que je ne serai plus utile à mon pays, je me retirerai tranquillement. Je vais réfléchir comme il le faut dans les jours à venir. Le plus important est que cette équipe nationale soit forte dans les prochaines années. Les étapes par lesquelles on est passés doivent nous renforcer. Il faut juste continuer à travailler et améliorer ce qui n'a pas marché dans l'organisation de cette équipe, de cette Fédération”, a-t-il dit.
Dans son entourage, l’on écarte pour le moment un possible retour de Belmadi parmi les Verts. “Il est trop blasé pour repartir de nouveau pour un nouveau challenge. L’échec lui a fait trop mal. Il pensait déjà faire la coupe du monde et quitter l’EN immédiatement après quel que soit le parcours au Qatar. Je le vois mal remettre le bleu de chauffe en perspective du Mondial 2022”, nous confiait hier un proche de Belmadi, mais, avertit-il tout de go, “rien n’est écrit”. Tout dépendra en fait de la capacité de persuasion de ceux qui ont décidé de déblayer le terrain des négociations, avec le limogeage déguisé de Charaf-Eddine Amara.
SAMIR LAMARI