Dérive dans la gestion sécuritaire des manifestations populaires au Soudan où l’on a enregistré hier un second décès alors que les services de sécurité sont accusés de viols.
Un deuxième Soudanais a été tué par balle lors des manifestations contre le pouvoir militaire dimanche au Soudan, ont déclaré hier des médecins, et d'après le ministère du Développement social, deux femmes ont été violées à Khartoum.
Un syndicat de médecins pro-démocratie a annoncé la mort de Mohamad Ali, 28 ans - qui a reçu une balle dans la tête - dans une ville au nord de Khartoum. Un premier décès avait été annoncé lundi. Ce qui porte le nombre de personnes mortes depuis le coup d’État à 47.
"Nous avons comptabilisé deux cas de viols de manifestantes le 19 décembre", a déclaré à l'AFP la directrice de l'unité de lutte contre les violences faites aux femmes au sein du ministère du Développement social, Suleima Ishaq, sans donner de précisions sur les suspects.
"L'une des femmes a porté plainte", a ajouté Mme Ishaq en précisant que les victimes avaient reçu l'assistance médicale nécessaire. Les manifestations ont eu lieu le jour du troisième anniversaire du début de la révolte qui avait entraîné la chute du dictateur Omar al-Béchir en avril 2019. Le processus de transition démocratique qui s'en est suivi, a été interrompu en octobre avec le coup d'État.
Lundi, le porte-parole de l'armée a assuré que ses forces étaient en faveur d'un processus démocratique et d'"élections libres et justes". Un leurre selon l’opposition qui en veut pour preuve l’arrêt du processus de transition démocratique par le putsch.
D’ailleurs les Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolte, ont appelé la population à poursuivre sa mobilisation contre le pouvoir militaire, prévoyant des manifestations les 25 et 30 décembre.
Par ailleurs, et face à ce mouvement de révolte qui demeure vivace, les autorités militaires tentent de trouver une offre “acceptable” pour calmer la rue. C’est dans ce sens que le président du Conseil de souveraineté de transition soudanais, Abdul Fattah Al-Burhan, a souligné que les mesures de l'après-21 novembre 2021, dont les nominations, ont été prises en coordination avec le Premier ministre, Abdellah Hamdouk, ont rapporté des médias locaux.
Les mesures sont cet accord conclu entre les militaires et le Premier ministre, qui est à l’avantage des putschistes dans la mesure où le seul point positif de l’accord est le retour du chef de l’Exécutif à son poste, sans le reste du gouvernement alors que les militaires s’accaparent du Conseil de souveraineté de transition.
Tout en réaffirmant lundi que "le gouvernement de transition sera un gouvernement de compétences non partisan", Al-Burhan a assuré que "les mesures de l'après-21 novembre, dont les nominations, ont été prises en coordination avec le Premier ministre", rapporte l'agence de presse soudanaise (Suna).
Le 25 octobre dernier, l'armée a déclaré l'état d'urgence dans le pays, dissous le Conseil de souveraineté et le Conseil des ministres de transition, limogé des gouverneurs et arrêté des chefs de parti, des ministres ainsi que des responsables, ce qui a déclenché des mouvements de protestations qui s’opposent à ces mesures.
R. I./APS