Les putschistes soudanais reculent enfin, mais cela n’empêche pas les sanctions de tomber. Ils ont libéré le Premier ministre, mais l’Union africaine a décidé, hier, la suspension du Soudan de toutes ses activités jusqu’à la restauration de l'Autorité de transition dirigée par des civils.
L'UA s’est félicitée, dans un communiqué, de la libération du Premier ministre, Abdallah Hamdock, arrêté lundi matin par des militaires et libéré mardi soir, et a appelé à la libération totale et inconditionnelle de tous les détenus, y compris les ministres et autres responsables civils.
L’Union a également annoncé l’envoi d'une mission au Soudan pour dialoguer avec toutes les parties en vue de trouver une solution amiable à l'impasse politique actuelle. Ces décisions ont été actées lors d'une réunion mardi du Conseil de paix et de sécurité, organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l'UA.
L'Union africaine avait suspendu le Soudan de ses instances en juin 2019, après la chute d'Omar el-Béchir, avant de le réintégrer trois mois plus tard, après qu'Abdallah Hamdock eut annoncé la formation d'un nouveau gouvernement. Les manifestants sont encore descendus dans la rue hier pour protester contre le coup d'État militaire et l'arrestation de hauts dirigeants civils.
La police, qui a démantelé les barrages routiers installés par les manifestants et arrêté nombre d’entre ceux qui étaient autour des barricades, a utilisé encore une fois les gaz lacrymogènes pour les disperser.
Khartoum, la capitale, est, depuis lundi, une ville morte, coupée de ses banlieues de l'autre côté du Nil par des soldats et des blindés déployés sur tous les ponts et coupée du reste du monde avec la fermeture, jusqu'à samedi, de son aéroport.
La plupart des syndicats ont déclaré la “grève générale”, les magasins non essentiels sont fermés et ceux qui voudraient briser le mouvement ne peuvent pas rejoindre leur travail en raison des barricades et du danger à s'aventurer dans une ville où internet et les télécommunications vont et viennent.
Aucune image de l'homme qui n'a cessé de tenter de trouver un compromis entre les militaires et la rue pour “réaliser la liberté, la paix et la justice”, disait-il, il y a encore moins d'une semaine, n'a jusqu'ici filtré, et il est toujours, selon son bureau, “sous étroite surveillance”.
Pour les manifestants et les experts, l'option d'un retour à la dictature dans ce pays d'Afrique de l'Est, l'un des plus pauvres au monde, devient de plus en plus réaliste.
R. I./AFP