Le Liban continue sa plongée dans les méandres de la crise politico-économique. De l’aveu de responsables, le Liban sombre et risque la banqueroute. Le vice-Premier ministre, Saadé Chami, le dit crûment en tirant la sonnette d’alarme.
Le vice-Premier ministre libanais, Saadé Chami, n’a pas mâché ses mots pour dire cette douloureuse réalité dans laquelle est plongé son pays, le Liban. “L'État et la Banque du Liban sont en faillite”, a-t-il averti alors que le pays traverse la pire crise économique de son histoire moderne et que le gouvernement peine à légiférer sur le contrôle des capitaux.
Et alors que la commission d’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth patauge dans les entraves que lui dressent des responsables politiques et l’empêchent de mener sa mission, les auditions des responsables de la faillite se poursuivent en dents de scie, le Liban “s’aventure” dans sa plus grande crise alors que les tensions entre camps politiques se font déjà jour.
“L'État est en faillite, tout comme la Banque du Liban, et il y a des pertes”, a affirmé M. Chami lors d'un entretien télévisé, dimanche, sur la chaîne Al-Jadeed. “La répartition des pertes sera imputée aux acteurs concernés, à savoir l'État, la Banque du Liban, les banques et les citoyens”, a-t-il
poursuivi.
Saadé Chami tient un rôle-clé pour tenter de sortir le Liban de la crise économique, ayant été chargé de conduire la délégation chargée de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) le déblocage d’un “fonds de sauvetage”. Pur technocrate, il a fait l’essentiel de sa carrière au FMI, où il a occupé pendant près de 20 ans des postes-clés et dirigé le Centre de soutien technique au Moyen-Orient.
Concernant le projet de loi contesté de contrôle des capitaux, M. Chami a fait valoir que “les députés ont le droit de s'opposer au projet, étant donné le temps dans lequel il a été soumis (...) mais nous voulions le terminer rapidement”. Malgré les divergences entre certains ministres, “il n'est pas nécessaire que tous soient d'accord pour soumettre le projet de loi au Parlement”, a-t-il dit.
Cette option est d’autant plus viable que des politiques et des hommes d’affaires sont cités dans des scandales financiers qui ont aussi contribué à la crise économique que traverse le pays.
Lundi dernier, les députés Ibrahim Kanaan, président de la commission parlementaire des finances et du budget, et Georges Adwan, président de la commission de l'administration et de la justice, avaient déploré le fait que les députés n'aient pas bénéficié d'un délai de 48 heures pour examiner le projet. Le vice-Premier ministre avait toutefois annoncé mercredi dernier, à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres, que celui-ci avait avalisé le projet de loi controversé sur le contrôle des capitaux. Bien que légèrement modifié, le projet n'a pas été approuvé à
l'unanimité.
En 2020, le Liban a fait défaut sur la portion de dette en devises qui pèse plus de 37% du total de la valeur nominale de la dette (la valeur réelle de cette dernière, qui tient compte de la dépréciation de la livre sur le marché parallèle et le prix que valent actuellement les eurobonds libanais, est bien inférieure).
Une première dans l’histoire du pays qui, jusque-là, avait une réputation de bon payeur, même s’il se trouvait sur la troisième marche du podium en termes de ratio dette/PIB derrière le Japon et la Grèce il y a deux ans.
R. I./APS