L’Ukraine a rejeté hier l’ultimatum de la Russie exigeant la capitulation de la ville assiégée de Marioupol, dont la dévastation a été qualifiée de “crime de guerre majeur” par l’Union européenne, alors qu’un nouveau bombardement a fait au moins huit morts à Kiev.
“Il n’est pas question de parler de reddition (...) Nous en avons déjà informé la partie russe”, a déclaré la vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk, au journal Ukrainskaya Pravda. Le ministère de la Défense russe avait appelé dimanche l’Ukraine à “déposer les armes” à Marioupol, grande ville portuaire du Sud, et exigé une “réponse écrite” à son ultimatum qui a expiré hier matin.
Selon Mikhail Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, la Russie et l’Ukraine ont convenu d’un itinéraire permettant aux habitants de Marioupol de se rendre hier sur le territoire contrôlé par Kiev.
“À partir de 10h, heure de Moscou (...), la Russie ouvre des corridors humanitaires depuis Marioupol vers l’Est et, en accord avec la partie ukrainienne, vers l’Ouest”, a détaillé M. Mizintsev.
“Les occupants continuent à se comporter comme des terroristes”, a répliqué Iryna Verechtchouk sur Telegram. “Ils disent qu’ils sont d’accord (pour instaurer un) corridor humanitaire, et le matin, ils bombardent le lieu d’évacuation.”
Selon les autorités locales, les soldats russes ont transporté de force quelque 1 000 habitants vers la Russie, les privant de leur passeport ukrainien – un possible crime de guerre. Mme Verechtchouk a également affirmé à Ukrainskaya Pravda que “350 enfants vont être emmenés de force en Russie sans nous permettre de les récupérer”, demandant aux autorités russes de leur dire “dans quel orphelinat” ils seront placés et “pourquoi ?”.
La vice-Première ministre a demandé que la priorité soit donnée à un corridor humanitaire, permettant à environ 350 000 personnes encore bloquées à Marioupol de partir. Marioupol est une cible centrale dans la guerre menée par le président russe, Vladimir Poutine, en Ukraine.
Elle constitue un pont terrestre entre les forces russes en Crimée, au sud-ouest, et le territoire contrôlé par la Russie, au nord et à l’est.
La ville, majoritairement russophone, subit de lourds bombardements des forces russes depuis le début de l’invasion le 24 février. Ses habitants sont privés d’électricité, d’eau et de gaz, ses rues sont jonchées de cadavres.
Selon l’administration militaire de la région de Donetsk, “plus de 80% des infrastructures de la ville sont endommagées ou détruites. Sur ces 80%, environ 40% ne sont pas récupérables”.
Les Nations unies ont qualifié la situation humanitaire d’“extrêmement grave”, avec “une pénurie critique et potentiellement mortelle de nourriture, d’eau et de médicaments”.
R. I./Agences