La situation demeure tendue dans l’est de l’Ukraine, où les forces russes devraient se déployer après leur retrait de la périphérie de Kiev. Mais les scènes filmées du massacre de Boutcha continuent de hanter l’actualité.
Entre les tentatives de trouver une solution à travers les négociations entre Russes et Ukrainiens qui se poursuivent, l’actualité “occidentale” est dominée par les conséquences et les dimensions de la fosse commune de Boutcha que veulent lui donner les pays occidentaux, accusant d’emblée la Russie d’en être l’auteur.
De nouvelles sanctions sont d’ailleurs envisagées alors que des capitales évoquent un crime de guerre. A ce sujet, Moscou et Kiev s’accusent mutuellement d’être derrière cet odieux massacre de civils.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé ce lundi en visitant Boutcha que des "crimes de guerre" qui seront "reconnus comme un génocide" y ont été commis.
"Chaque jour, lorsque nos combattants entrent et reprennent des territoires, vous voyez ce qui se passe", a-t-il déclaré à des médias dont l'AFP, en gilet pare-balles et accompagné de militaires ukrainiens.
De son côté, la Russie rejette "catégoriquement" toutes les accusations liées à la découverte d'un grand nombre de cadavres de civils à Boutcha, près de Kiev, a déclaré hier le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Selon la procureure générale d'Ukraine, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans ces territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes, ce qui a provoqué de vives réactions internationales incriminant Moscou.
M. Peskov a assuré à la presse que les experts du ministère russe de la Défense avaient découvert des signes de "falsifications vidéo" et des "fakes" dans les images présentées par les autorités ukrainiennes. La Russie avait auparavant demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour statuer sur les "provocations haineuses" commises, selon elle, par l'Ukraine à Boutcha.
Pour la première fois en près de deux semaines, Odessa s'est réveillée, dimanche, au fracas d'une série de frappes russes qui visaient des infrastructures de la ville. Ville-verrou sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, Mykolaïv, 475 000 habitants avant la guerre, a été longuement pilonnée quand l'armée russe avait en vain tenté de s'en emparer. L'étau russe semblait s'y desserrer ces derniers jours. Le port d'Otchakiv, 15 000 habitants, au bord de la mer Noire, était lui l'une des premières cibles de l'invasion russe, le 24 février.
Par ailleurs, les forces russes accusent les soldats ukrainiens, notamment les groupes extrémistes, de bloquer les opérations d’évacuation des civils. Les Russes disent avoir pris les dispositions pour reprendre ces opérations à tout moment, mais celles-ci font face au refus de la partie adverse, qui utilise ces civils comme bouclier humain. Plus de 4,2 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion russe, selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés.
Quelque 90% de ceux qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités ukrainiennes n'autorisant pas le départ des hommes en âge de prendre les armes. L'ONU estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays. Plus de 500 000 personnes sont retournées en Ukraine depuis le début de l'invasion russe, a annoncé dimanche le ministère ukrainien de l'Intérieur.
B. D./ Agences