À Moscou, le président Vladimir Poutine a fustigé, hier, ce qu’il a qualifié d’“empire du mensonge” occidental en réponse aux sanctions commerciales, mais aussi sportives, qui visent à pousser la Russie à se retirer de l’Ukraine.
Des discussions délicates et déterminantes ont commencé hier en Biélorussie entre les délégations russe et ukrainienne, cinq jours après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, au moment où les sanctions économiques continuent de pleuvoir sur Moscou. Si les Russes ne veulent rien dire de ce qu’ils vont aborder au cours de ces pourparlers, du côté de Kiev, l’exigence d’un cessez-le-feu et d’un retrait militaire immédiat du territoire ukrainien constitue la principale revendication.
Selon la présidence ukrainienne, Kiev va demander lors des discussions – organisées dans une résidence du président bélarusse Alexandre Loukachenko, à la frontière ukraino-bélarusse – “un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien”, où le couvre-feu a été levé, hier, dans la capitale, Kiev.
Le président Zelensky ne participe pas à ces discussions, chargeant son ministre de la Défense, Oleksiï Reznikov, de conduire la délégation ukrainienne, alors que du côté russe, c’est le conseiller du Kremlin, Vladimir Medinski, qui conduira ces discussions, affirmant laconiquement vouloir “trouver un accord” avec Kiev qui soit “dans l'intérêt des deux parties”, ont rapporté les agences de presse.
Sur le terrain, l’armée a vainement tenté une nouvelle incursion dans la capitale Kiev, où une partie de la population s’est réfugiée dans les bunkers construits à l’intérieur du métro, fuyant les intenses bombardements qui ont touché d’autres villes du pays. Selon l’ONU, au moins une centaine de civils ont été tués, mais ce chiffre reste à confirmer.
À Kharkiv, deuxième ville du pays et frontalière avec la Russie, au moins onze personnes ont été tuées dans des bombardements russes sur des quartiers résidentiels, a annoncé le gouverneur régional hier, disant craindre des “dizaines de morts”, a rapporté l’AFP. “L'ennemi russe bombarde des quartiers résidentiels”, a écrit le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov, sur les réseaux sociaux. “À cause de ces bombardements, toujours en cours, nous ne pouvons pas recourir aux services de secours (...) Actuellement, il y a 11 morts et des dizaines de blessés”, a-t-il ajouté. Plus d’un demi-million de personnes ont trouvé refuge dans les pays voisins, affirme encore l’ONU, via son Haut-Commissariat aux réfugiés.
À Moscou, le président russe, Vladimir Poutine, a fustigé, hier, ce qu’il a qualifié d’“empire du mensonge” occidental, en réponse aux sanctions commerciales, mais aussi sportives, qui visent à pousser la Russie à se retirer de l’Ukraine. Ces sanctions ont fait chuter la monnaie russe, le rouble, qui s’est effondrée à des plus bas historiques face au dollar et à l'euro, s'échangeant à la mi-journée à 100 roubles (83,5 au dernier taux officiel, mercredi). L'euro valait 109,4 roubles contre 93,5 à la veille de l'invasion.
Un plafond a été fixé à intervalles réguliers pour arrêter les échanges et ralentir ainsi la chute du rouble. La monnaie russe est un peu remontée dans l'après-midi, à mesure que le marché se calmait. Pour défendre l'économie et le rouble, la Banque centrale de Russie a porté son taux directeur de 9,5 à 20% lundi matin. La Bourse de Moscou n'a même pas ouvert, face au risque d'effondrement.
Entre autres sanctions, les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays ont notamment exclu les plus grandes banques russes du système international de paiements bancaires Swift et banni toute transaction avec la Banque centrale de Russie. Des mesures de représailles commerciales ont également été annoncées, l'Europe entière se fermant aux avions russes, coupant largement les liens aériens du pays avec l'Occident. Sur le plan sportif, la Russie encourt le risque de sanctions de la part des organisations sportives internationales.
Lyès Menacer