Ne disposant pas d’une assiette foncière pour l’accueil d’une décharge légale, les autorités locales improvisent des décharges incontrôlées, qui deviennent au fil du temps un véritable danger sur la santé publique.
La gestion des déchets est un casse-tête dans le nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, où les nombreuses décharges sauvages à ciel ouvert, dont certaines sont implantées à proximité des habitations, posent un sérieux problème aux riverains. Dans la commune d’Ilmayen (une soixantaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj), des habitants des villages de Thakroumbelt, de Sidi Idir et de Lamttar n’ont pas cessé de dénoncer, dans le passé, l’implantation d’une décharge sauvage, qui a porté atteinte à leur santé et cadre de vie, en raison de la fumée qui s’y dégage.
Les va-et-vient des camions, acheminant des tonnes de déchets ménagers depuis les villages environnants, ont rendu la vie difficile aux habitants de toute la région. L’APC, à qui a été confiée la gestion de ce dépotoir, n’arrive toujours pas à solutionner le problème de la pollution et des décharges sauvages, implantées anarchiquement à proximité des villages. Il est demandé à la mairie d’agir rapidement.
La multitude d’ordures jetées sur le chemin menant au village de Thakroumbelt illustre parfaitement la situation : gravats, parpaings, miettes de béton, tuyaux de PVC, chaussures, bouteilles de gaz, flacons de crème solaire, serviettes hygiéniques, seaux de peinture, sachets en plastique, canapés, papiers, etc. Les habitants dénoncent le danger environnemental et sanitaire posé par cette décharge, qui pollue la forêt, ou ce qu’il en reste.
La création, il y a quelques années, de cette décharge intervient dans le cadre plus global d’une situation de crise au niveau de la gestion des ordures ménagères dans le nord de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj. “J’habite à Thakroumbelt, pas loin de la décharge. Chaque soir, beaucoup de fumée provient de là-bas, car des déchets sont brûlés. L’air devient alors irrespirable. La nuit, il faut parfois utiliser un ventilateur pour dégager la fumée et pour que ça aille mieux. Parfois, quand on se réveille le matin, nos crachats sont noirs. Les gens toussent”, dénonce Hamza, un jeune habitant du village. “Une fois, je suis allé à l’hôpital et le personnel médical m’a dit que ma trachée et mes narines étaient toutes noires, à cause de la fumée.
La même chose a été dite à d’autres personnes”, témoigne encore ce trentenaire. Les villageois demandent qu’une autre solution soit trouvée à la crise des ordures ménagères qui secoue la région depuis toujours et qui est en train de s’aggraver en mettant en danger la forêt et la santé publique. À cet endroit, il y a des déchets plastiques, des excréments et des peaux de bête provenant de l’abattoir voisin, des déchets des marchés voisins, constate-t-on. “Ils sont jetés par des travailleurs, mais aussi par les riverains, car il n’y a pas de service de ramassage en permanence et tous les déchets collectés par la commune sont entassés sur ce site”, accuse un employé de la mairie, sous le couvert de l’anonymat. “Cela fait longtemps que des déchets se trouvent là”, affirme-t-il encore, mais il explique qu’il n’était pas possible pour le moment de la fermer. “Nous n’avons aucun autre endroit où la transférer”, avoue-t-il.
Chabane BOUARISSA