Malgré une loi criminalisant l’exercice de cette activité de manière illégale, notamment par des jeunes qui squattent rue et parkings des cités, certains individus continuent de racketter les automobilistes, contraints de payer leur place de stationnement, au risque de se voir leurs véhicules saccagés.
Boulevard de la Soummam, dans le centre-ville d’Oran. Des gardiens autoproclamés gèrent le stationnement sur les deux côtés de la grande artère. Malgré un grand panneau consacrant la gratuité du stationnement, ils s’agitent entre les voitures et encaissent la dîme auprès d’automobilistes résignés. “La police passe régulièrement par ici et voit ce que se passe.
Pourquoi n’intervient-elle pas pour faire cesser cette comédie ? Pourquoi vouloir attendre une plainte de citoyens pour agir ? II y a violation de la loi caractérisée, elle intervient !”, s’emporte cet automobiliste devant la passivité de l’autorité publique.
Dans les rues Larbi-Ben M’hidi et Mohamed-Khemisti où des panneaux de gratuité avaient été installés il n’y a pas si longtemps par les pouvoirs publics, les parkingueurs continuent d’imposer leur diktat à des automobilistes que la perspective de prise de bec avec eux ne réjouit pas forcément.
Les souvenirs de conducteurs insultés, agressés physiquement voire grièvement blessés à l’arme blanche sont toujours frais dans les mémoires.
“Il y a beaucoup d’exemples de ce type, et je refuse à mettre en danger mon intégrité physique parce que les autorités ne font pas leur travail”, insiste cette femme qui a déjà assisté à une altercation entre un automobiliste et un gardien autoproclamé, qui a tourné à l’avantage du gardien.
“Je ne sais pas si le gardien a été arrêté et poursuivi, mais en tout cas, le pauvre conducteur a été bien rossé”, se souvient-elle. Les gains générés par cette activité illégale sont par ailleurs si importants que des bagarres éclatent parfois entre les parkingueurs eux-mêmes et finissent devant les tribunaux.
En 2017, un gardien de la Vieille mosquée, dans le centre-ville, a été condamné à 20 années de réclusion criminelle pour avoir involontairement provoqué la mort d’un autre parkingueur à cause d’une portion de rue dont ils s’étaient disputé “la propriété”. L’un a fini sous terre et l’autre derrière les barreaux.
Aujourd’hui, avec la dégradation des conditions de vie, l’augmentation du chômage et l’absence de perspectives d’avenir, les rangs des parkingueurs se sont sensiblement étoffés pour soumettre presque l’ensemble de la ville au stationnement payant. Et ce ne sont pas seulement les quelques panneaux de gratuité installés ici et là qui rendront la rue aux automobilistes.
S. OULD ALI