Rekaba, Bab-Ali, la gare, Sidi M’hamed, ravin sidi Bouskrine, sous la place, filadj (village), Aïn Soltane (source du sultan) et jardin Pasteur appelé communément “Promelat” (traduisez promenade), tels sont les lieux qui ont marqué l’histoire de Mascara. Ce sont des lieux, des endroits ou des structures mythiques qui traduisent le parcours jalonné de faits et actes de l’histoire de la ville.
Les autochtones rivalisaient en actes de bravoure, d’honneur, de solidarité, de sensibilisation, de mobilisation, de respect et de courage tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs quartiers. Toutes les initiatives engagées dans les vastes clos avaient un sens et convergeaient vers un même sens, celui de préserver jalousement les us et les coutumes légués par les ancêtres et, toute entrave à cet aboutissement constituait une offense.
Néanmoins, depuis ces deux dernières décennies, les Mascaréens de souche du troisième âge assistent impuissants à une rupture totale de la ville avec ses principes, une situation marquée par la démolition des sites historiques auxquels ils restaient attachés.
En effet, les autorités locales ont, pour des considérations non convaincantes, engagé des opérations visant à détruire tous les liens de la ville avec son histoire dont le plus important reste le marché de la rekaba où se retrouvaient tous les nostalgiques pour effectuer leurs emplettes. Ce site a été remplacé par un espace libre en extension à une place publique aménagée.
Le paradoxe est que cette placette censée être un lieu de détente pour les adultes et de jeux pour les enfants représente un danger eu égard aux malfaçons visibles à l’œil nu qui remontent à la surface, car les travaux ont été bâclés, et sont caractérisés par la remontée à la surface de morceaux de treilles soudés et de barres de fer.
La disparition de ce symbole qui défigure la ville est durement ressentie par les citoyens de la ville. Le même constat est établi pour les constructions des vieux quartiers démolis au motif qu’elles menacent ruines, des opérations condamnées par les citoyens qui privilégient leur restauration pour que soit conservé leur statut initial. La plupart des habitations des villages avoisinants, au même titre que ceux des quartiers de Bab Ali, Aïn Soltane, quartier Benouda, cité Kadi-Merah étaient alimentés en eau potable à partir de la source du Sultan, une eau tiède en hiver, mais fraîche en été.
L’emplacement ainsi que la conception de cette source ont été changés, des initiatives mal perçues par la population locale, car n’ayant plus les mêmes attraits.
La gare ferroviaire, centenaire, de surcroît, car datant de 1886 a été complètement rasée. Cette gare qui était en activité plusieurs décennies durant, et qui permettait aux voyageurs des trains desservant la ligne Mohammadia-Béchar-Mohammadia de descendre à Mascara est définitivement rayée de la carte des chemins de fer.
Il y a également le jardin Pasteur qui se trouve dans un état d’abandon en dépit de quelques initiatives visant à sa restauration. Ce jardin est livré aux acteurs des méfaits qui mettent à profit cette opportunité pour s’adonner à leurs activités néfastes.
Avec le déclin de tous ces sites symboliques, décidé le plus souvent par les administrateurs qui ignorent les conséquences qui en découlent, car n’attachant aucun intérêt à leur valeur, c’est tout un pan de l’histoire de la ville qui disparaît.
Le seul bémol émane de la préservation des portiques qui se dressent à chacune des entrées de la ville. Ces symboles viennent en remplacement des portes d’entrée disparues et dont on fermait jadis du crépuscule à l’aube sur ordre de l’autorité coloniale refusant l’accès à la ville de toute personne durant cette période. 4 portes distinctes constituaient un obstacle pour les usagers de la route en provenance d’Oran (Bab Wahran) de Saïda (Bab Saïda), de Tiaret (Bab Tiaret) et d’Alger (Bab Djazair).
Toutefois, leurs lieux d’emplacement ont été changés puisqu’ils ont été déplacés eu égard à l’étirement dans tous les sens du tissu urbain de la ville. Certes, pour les plus jeunes, ces portes n’ont aucune signification, mais elles représentent une valeur pour les personnes du troisième âge.
A. B.