Les entreprises parmi les plus résilientes, qui continuent contre vents et marées à maintenir un semblant d’activité, sont aux prises avec d’inextricables problèmes de trésorerie.
Les entreprises du secteur du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) installées dans les différentes localités de la vallée de la Soummam filent un mauvais coton. Elles sont prises en étau par une conjonction de facteurs défavorables qui ébranlent leur fondement et les menacent dans leur existence. “Notre plan de charges, qui n’a cessé de décliner depuis 2014, est à présent pratiquement vide. Des entreprises, parmi les plus fragiles comme les TPE et les PMI, ont déjà fait les frais de cette crise chronique et multidimensionnelle, en mettant la clé sous le paillasson”, nous a confié le gérant d’une entreprise d’Akbou.
Un entrepreneur d’Ouzellaguen atteste pour sa part que ce secteur névralgique a enregistré, en l’espace de quelques années, une cascade de fermetures, lesquelles ont induit la mise au chômage de cohortes de travailleurs. “En raison d’un climat des affaires devenu hostile à tout investissement, il ne se passe pratiquement plus un seul mois sans qu’une entreprise procède au dépôt de bilan avant de disparaître du champ d’activité. Des milliers de salariés se sont ainsi retrouvés à leur corps défendant dans la précarité”, dira-t-il. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, d’autres entités, subodore-t-on, s’apprêtent à emboiter le pas à leurs devancières. “La crise économique de 2014, et le tassement des recettes publiques qui en a découlé, a mis à mal notre outil de travail.
La flambée épidémique de la Covid-19 nous a porté le coup de grâce”, explique le patron d’une PME, qui a été contraint, dit-il, au dépôt de bilan et à la vente de ses actifs. Les entreprises parmi les plus résilientes, qui continuent contre vents et marées à maintenir un semblant d’activité, sont aux prises avec d’inextricables problèmes de trésorerie. “Partout où vous passez, votre attention sera attirée par des chantiers à l’arrêt, ou carrément à l’abandon. Les maîtres d’œuvre se sont retrouvés dans l’impasse, avec des comptes dans le rouge. Ils ne peuvent même pas payer la masse salariale”, soutient un patron d’El-Kseur, dont l’entreprise, confie-t-il, est plus proche que jamais de la banqueroute.
Par défaut de plan de charges, un investisseur de la région de Timezrit dit avoir mis ses travailleurs au chômage technique, en attendant une improbable embellie. “Je n’arrive plus à faire face à mes échéances, comme payer mes fournisseurs ou régler les arriérés de salaire de mes employés. Les dettes fiscales et parafiscales sont devenues très pesantes”, relate-t-il. À l’unanimité, nos interlocuteurs soulignent que la source de leur infortune réside dans la baisse de l’investissement de l’État et l’absence de marchés publics. “La commande de l’État, à travers les différents programmes d’équipements publics, est le moteur d’activité de notre secteur.
Les restrictions budgétaires allouées à ce programme d’investissement, conjuguées à la poussée inflationniste qui s’est emparée de certains matériaux de construction comme le rond à béton, de même que la cherté des services, nous ont plongés dans une profonde crise, dont l’issue reste incertaine”, analyse un professionnel du bâtiment, qui plaide pour un accompagnement de l’État afin d’extraire les entreprises de la quadrature du cercle.
SYPHAX M.