Conviés par le président de l’APC locale à une réunion pour débattre de la situation dans les établissements scolaires, les directeurs des écoles primaires de la commune de Bouzeguène ont dressé un tableau assez inquiétant de la situation de leurs établissements.
À peine la rencontre entamée que les directeurs en question ont déversé un “tsunami” de problèmes cumulés depuis des années. Confrontés depuis près de deux années à la crise sanitaire qu’ils ont du mal à gérer, les directeurs des écoles primaires étaient unanimes à se considérer victimes du mépris autant de la tutelle que de l’APC.
Les directeurs ont ensuite montré leur exaspération de voir les établissements fonctionner sans moyens suffisants. “Comment voulez-vous contrecarrer les contaminations sans assez de tables et avec le manque d’eau ?”, nous a déclaré un des directeurs présents.
Le manque de réseau d’assainissement, des sanitaires obstrués et/ou sans portes, le manque de mobilier, les infiltrations d’eaux pluviales, les plafonds fissurés, le manque de tables pour les enfants et de bureau pour le directeur, des conditions d’hygiène déplorables, l’insuffisance de travailleurs à la cantine, des citernes rouillées, des vitres cassées… sont autant d’insuffisances relevées par les directeurs.
Une situation que nous avons confirmée lors de notre virée sur le terrain. À l’école Amarouche-M’hand du village de Wizgan, c’est même une ancienne salle de soins d’un dispensaire désaffecté, car menaçant ruine, qui sert de cantine pour les enfants. “C’est inadmissible !”, s’insurge un parent qui dénonce ainsi “ce provisoire qui dure depuis plus de vingt ans”.
Ce dispensaire, nous explique-t-il, a été construit durant les années 90 mais n’a jamais été utilisé pour sa véritable mission. “Il a été réformé en raison de l’instabilité du sol. La mairie continue de tergiverser pour l’inscription d’une vraie cantine”, déplore ce parent.
Pis encore, pour y accéder, il faut emprunter un passage cisaillé à la tronçonneuse dans le mur de clôture en parpaings. Cela dure depuis plus de 20 ans. Dans une autre école, celle d’Aït Saïd, en l’absence de locaux, les élèves de la classe préparatoire sont installés dans la cantine construite à l’extérieur de l’école.
Pour ce faire, le réfectoire a été séparé en deux à l’aide de planchettes de volige, moitié réfectoire, moitié classe. Pendant la récréation, les élèves se regroupent devant les sanitaires. De l’autre côté, les salles de classe du bloc pédagogique font l’objet d’infiltrations d’eau durant l’hiver.
Les enseignantes sont souvent occupées, à l’aide de frottoirs, à dégager les eaux pour éviter leur accumulation sous les tables des enfants. Même situation à l’école Aliane-Mohand Ouamer du village Ihitoussen, où, en l’absence de locaux, c’est une salle de classe de 8 m de long qui a été séparée en deux par des panneaux de Placoplatre.
Les enseignantes des deux classes présentent leurs cours dans des espaces réduits et inconfortables. Une situation que les directeurs qualifient d’intenable. Prenant la parole, le président de l’APC s’est engagé à prendre en charge ces doléances tout en reconnaissant qu’il est “impossible” de tout prendre en charge dans l’immédiat.
“Déjà là où ça marche, c’est grâce aux associations des parents d’élèves qui s’impliquent et prennent en charge les soucis et tous les frais inhérents à la vie sociale et pédagogique de leurs enfants”, a reconnu un travailleur de l’APC en prenant la parole.
“L’APC a en charge plus de 20 écoles primaires pour lesquelles il faut affecter des moyens humains et financiers. Certes, il y a des travaux urgents à prendre en charge, mais c’est utopique de régler tout avec le peu de moyens disponibles !”, a-t-il ajouté.
KAMEL NATH OUKACI