Des apiculteurs possédant des ruchers au milieu de la forêt affirment que des essaims entiers ont péri sous l’effet de ce nouveau type de pollution de l’environnement.
Les déchets de volaille dont éleveurs et abattoirs se débarrassent de manière anarchique constituent une réelle menace pour l’environnement et la santé publique à Mascara.
“Les monts des Beni-Chougrane se sont transformés, ces derniers temps, en un véritable dépotoir à ciel ouvert”, constate amèrement Hadji Djelloul, un apiculteur habitué des lieux, affirmant que “les abattoirs clandestins de volaille, sans aucun respect de l’environnement, se débarrassent dès la tombée de la nuit de leurs déchets dans la forêt et dans l’oued Fergoug, à partir du pont qui l’enjambe”.
Chaque jour, des tonnes de déchets de volaille, à savoir des plumes, des entrailles et autres fientes, sont ainsi déversées dans la forêt et les cours d’eau par les gérants des abattoirs clandestins.
Cet état de fait, qui s’apparente à un crime contre la nature, a pris, cette dernière décennie, une dimension alarmante et regrettable, notamment dans la région de Mamounia et autres localités limitrophes. Des tonnes de déchets de volaille, dans des sacs en plastique éventrés, polluent l’atmosphère de la forêt d’une forte odeur nauséabonde.
Ces détritus en putréfaction s’accumulent sur les bords de la piste aménagée qui mène au cœur de la forêt de Fergoug à partir du douar Ouled Bouhelal, à Mamounia, et s’amoncellent en plusieurs endroits du tronçon de la RN17A reliant la ville de Mamounia à celle de Mohammadia, constate-t-on.
Tous les témoignages convergent vers le même constat établi par ceux qui fréquentent la forêt. L’un d’eux est Moulay Larbi, fervent activiste passionné d’apiculture : “La pollution de l’environnement dans la forêt de Fergoug a atteint des proportions inquiétantes. À cause de l’accumulation des déchets de volaille et des odeurs dégagées, on assiste à une disparition alarmante des abeilles.”
“La situation est plus critique que jamais et elle est à même d’inciter les autorités de la wilaya à assumer leurs responsabilités et réagir pour sauver ce qui peut l’être avant qu’il ne soit trop tard”, s’alarme un autre apiculteur.
Kouider, ancien sportif, amoureux des promenades bucoliques, affirme quant à lui que “l’impact négatif des déchets de volaille sur l’environnement est grave”.
Et d’expliquer qu’“une étude menée par des chercheurs révèle que les analyses physico-chimiques et microbiologiques ont démontré que les déchets de volaille présentent un impact négatif sur l’environnement et la santé publique par leur matière organique périssable et par leur charge microbiologique pathogène importante”.
De nombreux témoignages ont démontré, en outre, que certaines espèces de la faune et de la flore dans la forêt de Fergoug sont menacées de disparition à cause de la pollution qui s’accentue de façon dramatique.
Cet état de fait suscite les interrogations des agriculteurs et apiculteurs activant dans la région, lesquels condamnent tous ces actes, œuvres de pollueurs qui n’hésitent pas à jeter, au vu et au su de tout le monde, leurs détritus dans la forêt en toute liberté, sans être inquiétés.
A. B.