Tel un corps perclus de rhumatismes, l’agglomération urbaine de Sidi Aïch (wilaya de Béjaïa) est gangrenée par le commerce informel. Un phénomène tentaculaire qui a essaimé aux quatre coins de ce pôle urbain.
“Cette activité a toujours existé, mais, à force de la tolérer, elle a fini par prendre possession de tous les espaces”, souligne un retraité résident dans un quartier de la vieille ville. Dans ce quartier parcouru par l’ex-route nationale, les étals de fortune et les éventaires à même le sol accaparent l’espace public.
Produits agricoles, articles d’habillement, vaisselle, tabac, jouets et autres joyeusetés sont proposés à la vente. Les marchands de l’informel se disputent les parties latérales de la chaussée que sont les trottoirs aux commerçants légalement installés. “Souvent, il faut jouer des coudes ou alors emprunter à ses risques et périls la chaussée pour se mouvoir, tellement l’espace est obstrué par la marchandise”, fait remarquer un citoyen du quartier Les Cavaliers, sur les hauteurs de la ville.
Sur la passerelle enjambant l’oued Soummam, des vendeurs de fruits et légumes de saison et autres marchands de plantes aromatiques et d’épices prennent régulièrement possession des lieux, gênant considérablement la circulation des piétons.
“Il faut bien se débrouiller pour manger à sa fin. N’est-ce pas que le chômage et l’oisiveté exposent à la délinquance ?” lancera à notre adresse un jeune vendeur de fruits, debout derrière son étal.
À hauteur du quartier Timzeghra, sur la rive droite de la Soummam, de même qu’aux abords du marché hebdomadaire, des ados font le commerce de téléphones cellulaires et de fringues pour enfants. À proximité de l’ex-siège de l’APC, d’autres contrebandiers moins jeunes proposent des cosmétiques et des bibelots artisanaux à des prix “imbattables”, clament-ils. Plus loin, sur une artère commerçante, un marchand expose à la vente de l’huile d’olive, ou supposée comme telle, dans des contenants plastiques de différents volumes, exposés à la lumière solaire.
“Nous avons alerté à plusieurs reprises les services de contrôles et même les services de sécurité, mais à l’évidence rien n’est fait pour stopper cette activité parasitaire illégale”, se plaint un marchand de fruits et légumes tenant boutique au centre-ville.
“Ces contrebandiers nous font une concurrence impitoyable. Ils vendent à prix cassé, car ils n’ont aucune charge ou taxe à payer. Si les pouvoirs publics n’entreprennent pas d’arrêter cette activité nuisible, les commerçants régulièrement inscrits au registre du commerce seront dans l’obligation de fermer boutique ou de passer dans la sphère informelle”, avertit un autre commerçant du quartier Maâla.
Un expert en finance exerçant dans une banque commerciale de Sidi Aïch estime que la toute-puissance de ces barons de l’informel n’a d’égale que l’impuissance des pouvoirs publics sinon à éradiquer, du moins à juguler la contrebande.
“Cette activité génère un manque à gagner considérable pour le Trésor public, donc pour le budget de l’État. Les produits écoulés dans ce circuit commercial n’ont aucune traçabilité, ce qui peut causer un sérieux préjudice pour la santé du consommateur”, alerte-t-il.
SYPHAX M.