L’Algérie profonde UNE FILIÈRE À STRUCTURER

La production de l’huile otage des méthodes traditionnelles à Jijel

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Amor ZOUIKRI Publié 18 Mars 2022 à 15:42

À Jijel, il y a un nombre élevé d’huileries traditionnelles encore en activité. © D. R.
À Jijel, il y a un nombre élevé d’huileries traditionnelles encore en activité. © D. R.

L’absence de coopérative spécialisée en oléiculture pour la prise en charge des préoccupations des oléiculteurs et d’un marché structuré pour le commerce des huiles sont également des facteurs que les spécialistes avancent comme étant des contraintes au développement de cette filière.

Alors   que   le  développement  de   la  filière  oléicole  est   un  sujet  de préoccupation à Jijel, la production de l’huile d’olive reste otage de méthodes traditionnelles. Le taux de 54% des huileries de type traditionnel sur les 169 (91 traditionnelles et 78 modernes) que compte la wilaya de Jijel est à plus d’un égard révélateur de cette situation, pendant que des spécialistes insistent que “pour avoir une huile de qualité irréprochable, il faut une maîtrise et l’optimisation de sa technologie”.

L’introduction de la technologie dans la production de l’huile d’olive est, à cet égard, évoquée avec insistance par Pr Idoui Tayeb, de l’université de Jijel, plaidant pour se départir des anciennes méthodes de récolte et de trituration de l’olive.

L’absence des bonnes pratiques de récolte a grandement affecté le rendement et la qualité du produit, selon les spécialistes qui ont pris part au récent colloque, tenu à Jijel pour décortiquer une filière, certes, en mutation, mais qui ne se libère pas de ses vieux réflexes.

La récolte intervenant souvent avant la période optimale et en recourant au gaulage, ajoutée à des moyens de transport et de stockage prolongés des olives dans les huileries influent sur la qualité de l’huile et augmentent son acidité. L’argument est suffisant pour plaider en faveur d’un changement des méthodes de récolte pour les rendre plus modernes.

Consciente de l’impact de ces facteurs sur le rendement oléicole, la direction des services agricoles de la wilaya de Jijel tente d’agir pour promouvoir le développement de l’oléiculture.

Elle a initié des campagnes de sensibilisation au niveau des huileries par des séances de vulgarisation sur les bonnes pratiques de la trituration des graines d’olive. Dans le même sillage, elle a lancé des champs-écoles dans certaines communes pour initier les oléiculteurs aux méthodes modernes de la récolte englobant le stockage, le transport et la trituration. 

S’organiser en coopératives spécialisées
De nombreuses contraintes sont soulevées dans cette démarche, à commencer par le nombre élevé d’huileries traditionnelles qui sont encore en activité. S’ajoute à cela l’état de morcellement des exploitations oléicole et leur superficie ne dépassant pas en moyenne les 3 ha, selon ce qui a été soulevé lors de ce colloque.

On déplore également que dans la majorité des cas, l’exploitation est de type familial avec une multitude d’héritiers et l’absence d’un interlocuteur responsable du verger.

La nature juridique des exploitations est l’autre problème soulevé dans une filière recensant 84 exploitants avec un titre de propriété, 117 avec un titre de concession, 18 en location et plus de 3000 non propriétaires.

L’absence de coopérative spécialisée en oléiculture pour la prise en charge des préoccupations des oléiculteurs et d’un marché structuré pour le commerce des huiles sont également des facteurs que les spécialistes avancent comme étant des contraintes au développement de cette filière.

Au-delà de ces contraintes, on note que la superficie oléicole à Jijel est de l’ordre de 21 300 ha, soit 47% de la surface agricole utile et 89% de la superficie arboricole et viticole.

Le lancement des différents programmes a permis de développer le potentiel oléicole qui a doublé sa superficie en 10 ans, malgré les dégâts causés par les incendies.

En termes de production, et hormis le phénomène d’alternance qui caractérise encore l’activité oléicole de par les techniques rudimentaires utilisées dans la récolte, une augmentation a été enregistrée cette année (2021/2022) avec 516 970 q d’olives et 92 737 hl d’huile produits.

Et ce, après la maîtrise des outils de production, la gestion technique de la commercialisation reste un élément fondamental dans le circuit oléicole. C’est Pr Idoui qui note que la mise en vente des huiles obéit à certaines règles et conditions, notamment l’étiquetage et la présentation.

Celui-ci conclut qu’“il faut fournir plus d’effort pour une autocorrection et sur tous les plans” avant qu’il plaide pour “réfléchir sur la manière de gérer les mentalités et de combattre les mauvaises habitudes alimentaires”, d’autant que l’huile d’olive “est un produit noble et un aliment diététique, fonctionnel et de santé”.

Reste à déplorer que l’huile d’olive, cet aliment de subsistance par excellence à Jijel, et sûrement ailleurs, dans d’autres régions du pays, est encore loin de placer l’Algérie parmi les pays producteurs et exportateurs de ce produit dans le monde. Alors qu’il est question de promouvoir les exportations hors hydrocarbures, l’Algérie ne figure pas dans la liste des 10 premiers pays exportateurs d’huile d’olive.

Elle ne figure pas non plus dans le lot des 10 premiers pays producteurs de cette huile pour la campagne 2020/2021. Et dire que l’olivier a été introduit en Algérie au 12e millénaire avant notre ère et que sa culture ne cesse de s’étendre aux quatre coins du pays !
 

Amor Z.

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