L’Algérie profonde SEDDOUK (Béjaïa)

L’eau de source très prisée

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SYPHAX M. Publié 22 Mars 2022 à 18:26

© D. R.
© D. R.

Ces dernières années ont été marquées par un regain d’intérêt pour l’eau de source dans la région de Seddouk et les autres localités de la Soummam.

Doucement mais sûrement, elle a fini par s’incruster dans les habitudes de consommation du commun des citoyens. Loin d’être un must, ce retour aux sources est, dit-on, dicté par des considérations de santé.

“L’eau du réseau public est tout sauf de l’eau potable. Seddouk est, tour à tour, alimentée par des forages implantés sur le cours de la Soummam, puis par l’eau du barrage Tichy-Haf, un liquide de piètre qualité, qui n’est bon que pour le ménage et l’hygiène domestique”, explique un citoyen résidant au quartier Mizab, situé à la périphérie de la ville. Le choix est donc vite fait.

“J’ai opté pour l’eau de source pour préserver ma santé et celle de mes enfants. Nous avons la chance d’être régulièrement livrés à domicile et à des tarifs raisonnables”, souligne-t-il. Un habitant de la cité Berkani développe le même argumentaire.

“Tout le monde vous le dira, l’eau de Tichy-Haf est réservée à la lessive et à la vaisselle, et encore ! Parfois, elle ne s’y prête même pas, en raison de sa turbidité élevée. Ce n’est pas sans raison que les gens la boudent, en lui préférant l’eau de source ou l’eau minérale”, affirme-t-il.

Un villageois de Takaâts, en surplomb de la ville, décrit l’eau du réseau public comme étant “de piètre qualité organoleptique”. Par conséquent, fait-il remarquer, se sustenter à l’eau de source n’est point un luxe ou un simple élan capricieux, mais une option salvatrice.

“Depuis que je m’approvisionne chez les vendeurs ambulants, je n’ai jamais eu à me plaindre d’un quelconque problème de santé. Dans le quartier où je réside, tout le monde ne consomme plus que de l’eau de source. Les livreurs font du porte-à-porte, à raison de trois à quatre rotations par semaine”, informe un autre citoyen de Takaâts. Les adeptes de ce retour aux… sources se disent satisfaits de pouvoir remplir leurs ustensiles, sans avoir à vider leur portemonnaie.

“On n’a pas besoin de se ruiner pour faire sa provision d’eau de source. Son rapport qualité/prix très attractif la rend à la portée de toutes les bourses. La meilleure plus-value étant bien évidemment une espèce d’assurance santé”, souligne un citadin, tenant une échoppe au centre-ville.

Contenu et contenant
Les vendeurs ambulants de l’eau de source – du moins vendue comme telle – sillonnent inlassablement à bord de leur camion-citerne toutes les localités de la région.

“Nous proposons à prix cassé une eau limpide, fraîche et naturelle. À 50 DA le jerrican de 20 litres, notre produit est dix fois moins coûteux que les eaux embouteillées vendues dans le commerce”, se vante un marchand d’eau apostrophé à l’entrée de Seddouk.

Un argumentaire aux allures de réclame, qui fait visiblement mouche. “Mes citernes se vident en un rien de temps. Il y a un capital confiance entre mes clients et moi. Je n’ai pas le droit de les décevoir”, enchaîne-t-il.

Au sujet de ses points d’approvisionnement, notre interlocuteur dévoile : “Mes citernes sont remplies chaque jour à l’aube des sources d’Adekar. D’autres marchands s’approvisionnent à partir d’Akfadou, ou encore des sources situées sur les hauteurs d’Ouzellaguen.”

Concernant les contenants en plastique, qui nourrissent quelque crainte quant à leur effet délétère sur la santé du consommateur, un vendeur ambulant se veut rassurant : “S’il est vrai qu’elles ne sont pas officiellement certifiées conformes, ces citernes sont utilisées partout comme réserves d’eau potable, sans que personne ait rien trouvé à redire.” 

Gérant une entreprise de recyclage du plastique, un opérateur économique a fait part de son horripilation quant à l’usage qui est fait de ces citernes. 

“Des contenants utilisés à l’origine pour la conservation des produits caustiques sont reconvertis pour l’eau potable. C’est de la démence ! Il est grand temps que les pouvoirs publics interviennent pour y mettre le holà”, s’alarme-t-il.
 

SYPHAX M.

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