Quinze ans. Il aura fallu 15 ans aux autorités algériennes pour se rendre compte de l’énorme déséquilibre que couvait l’Accord d’association signé entre l’Algérie et l’Union européenne. Pourtant, ce ne sont pas les mises en garde des experts et des opérateurs économiques qui ont manqué à l’époque de la signature en 2005 du document d’entente sur les avantages à appliquer aux échanges commerciaux entre les deux espaces. Mais le gouvernement algérien, déployant ses œillères, avait fait le choix de n’écouter aucune voix critique. Le déséquilibre économique, et commercial par extension, était trop flagrant pour ne pas le voir. À la décharge des autorités de l’époque, cette nécessité de sortir le pays de l’isolement dans lequel il était confiné depuis la décennie noire. Sauf qu’au final, ce passage en force a été commis au désavantage d’une économie encore essentiellement dépendante des hydrocarbures et incapable de mettre sur la table des produits, en quantité et en qualité, répondant aux normes internationales.
Aujourd’hui que les autorités ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de réclamer haut et fort une révision de l’accord, cela est en soi une bonne chose. Certes, la procédure pour aboutir à cette modification peut s’avérer fastidieuse et l’opération peut prendre des années pour se concrétiser. Mais ce n’est certainement pas là que le bât blesse. Car il ne s’agit pas seulement de contester les dispositions du document et de revendiquer leur révision. Le gros du chantier est ailleurs. Il a trait à la refondation économique de l’Algérie elle-même. En effet, même si l’Union européenne acceptait de revoir le contenu des dispositions de l’Accord d’association, avec quels arguments, économiques s’entend, l’Algérie pourra-t-elle affronter le Vieux Continent ? Comment renverser la vapeur et aboutir, au moins à un équilibre de la balance commerciale ? La tâche paraît titanesque au vu de l’état de notre économie qui demeure sous la pesante emprise des exportations d’hydrocarbures.
Les exportations hors hydrocarbures demeurent très limitées, bien qu’elles aient connu ces derniers mois une hausse. C’est pour cela que le débat actuel doit porter en priorité sur les mesures à prendre pour réformer l’économie en profondeur de sorte à lui donner les moyens de se diversifier et de se performer, en l’extirpant, une bonne fois pour toutes, de cette dépendance maladive à la rente pétrolière. Cela reste en tout cas la seule façon d’affonter, dans les meilleures conditions, les marchés étrangers et équilibrer nos échanges avec nos partenaires commerciaux. ■