Éditorial

Paradoxe

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Karim KEBIR Publié 04 Janvier 2022 à 23:37

En ordonnant, dimanche, la  création  d’une  nouvelle  instance pour enquêter sur l’enrichissement des fonctionnaires publics, Abdelmadjid Tebboune veut probablement donner l’image de l’homme qui veut tenir son engagement : celui de la moralisation de la vie publique et politique, une lutte sans merci contre la corruption, dont l’ampleur est devenue une affaire de sécurité nationale, et de consacrer une gestion saine des deniers publics.

Sans  préjuger  des  prérogatives  de  cette  instance, du  degré  de son indépendance, une des conditions pour l’efficacité et l’efficience de son action, ou encore de la qualité des cadres appelés à la diriger, la mission ne s’annonce pas de tout repos pour au moins une raison toute simple : sans contre-pouvoirs autonomes, des médias libérés capables eux aussi d’enquêter sur la prévarication et la concussion, sans accès à l’information, sans l’association de la société civile, sans protection des lanceurs d’alerte et sans un soutien politique fort à même de lui permettre d’enquêter sur toute personne soupçonnée d’enrichissement illicite, quel que que soit son rang, il est, pour le moins, illusoire de s’attendre à des résultats probants. 

Car on l’a déjà éprouvé : en 2006, une loi anticorruption avait été bien promulguée et les responsables d’alors n’avaient pas cessé de clamer leur volonté de traquer les responsables véreux et indélicats. Mais cela n’a pas empêché la prolifération de la corruption et de prendre des proportions dont on mesure aujourd’hui toute l’étendue à travers les procès instruits de certains responsables. Encore qu’il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. Au-delà des professions de foi et de l’arsenal juridique, la lutte contre la corruption ne peut prétendre à l’efficacité si elle n’est pas ancrée dans une démarche d’ouverture démocratique et de transparence. 

Or, jusqu’ici, force est d’admettre que la démarche du système est focalisée sur le renouveau économique au détriment du renouveau politique, pourtant pierre angulaire pour amorcer de nouvelles pratiques et de nouvelles mœurs politiques. On l’a vu sous d’autres latitudes : la corruption est réduite à sa plus simple expression dans les pays où existent de véritables contre-pouvoirs et où tous les acteurs de la société civile, libérés des entraves politiques, sont impliqués. C’est dire toute la difficulté de la démarche, même s’il peut y avoir une réelle volonté politique. ■

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00