Même si elles sont diversement appréciées, les dernières décisions prises par le Conseil des ministres, notamment le gel des impôts et taxes sur certains produits alimentaires de large consommation, ne manqueront pas certainement de soutenir, quelque peu, le pouvoir d’achat des ménages soumis à rude épreuve ces derniers mois. Elles permettront également la reprise de la consommation et par voie de conséquence de la mécanique économique.
Ces décisions, dont il faut bien convenir qu’elles étaient inattendues, quelques semaines seulement après l’adoption de la loi de finances, semblent répondre, compte tenu du contexte socio-économico-politique, au souci des autorités de maintenir une paix sociale pour le moins assez fragile. D’autant que les signaux, témoins d’un malaise qui couve et d’un grognement sourd dans plusieurs secteurs, sont nombreux et assez perceptibles, comme en témoignent la récente grève des avocats, celle dans le secteur de la santé, des greffiers, des notaires ou encore dans l’éducation.
Mais au-delà des considérations qui sous-tendent ces décisions et les supputations auxquelles elles peuvent naturellement prêter le flanc, la question est de savoir pourquoi les promoteurs de la loi de finances, tout comme les deux Chambres parlementaires n’ont pas anticipé l’impact des taxes approuvées sur le pouvoir d’achat des ménages et par extension sur la paix sociale ? De l’avis de tous, la réponse coule de source : l’absence de débats, de concertations, d’échanges avec tous les acteurs concernés, acteurs sociaux, économiques, politiques, de la société civile, indépendamment de leur bord et penchant politique, et le tropisme des autorités à des attitudes paternalistes ont souvent conduit à des situations similaires. L’absence de vision stratégique fait le reste. Car ce qui est valable pour les taxes vaut aussi pour d’autres textes et d’autres questions d’intérêt public.
On a vu comment les juges ont déploré, il y a quelques jours, leur marginalisation dans l’élaboration du texte portant statut des magistrats attribuée à des “chambres noires”. On voit aussi les tergiversations autour du cahier des charges pour l’importation de véhicules. Et la liste est loin d’être exhaustive. Seuls sans doute des changements de paradigmes dans l’approche et l’appréhension de toutes les questions, soient-elles politiques ou économiques, qui engagent l’avenir du pays, à travers notamment l’ouverture et le dialogue, sont à même d’éviter des situations qui non seulement sont préjudiciables aux institutions, mais aussi ne sont pas de nature à susciter la confiance et encore moins à consolider la paix sociale.