On prend les mêmes et on recommence : les résultats préliminaires des élections locales annoncés hier par le président de l’Anie confortent globalement et par certains égards ceux des législatives puisque les deux partis du pouvoir, en l’occurrence le FLN et le RND, ainsi que les “indépendants” arrivent en tête par le nombre de sièges obtenus. Seule différence : le taux de participation qui a légèrement augmenté par rapport aux élections législatives.
Une augmentation, du reste prévisible, en raison, d’une part, de la nature du scrutin et, d’autre part, par la participation de certains partis qui avaient boudé le scrutin de juin dernier, à l’image du FFS. Mais au-delà du taux de participation, indicateur de la persistance de la défiance des Algériens aux rendez-vous électoraux organisés depuis l’émergence du Hirak populaire, ces résultats confirment le rétrécissement, comme une peau de chagrin, du gisement électoral dont peuvent se prévaloir les vainqueurs. Décriés par le mouvement populaire, en peine lors de la confection des listes, ces partis ont pu probablement compter sur la frange la plus disciplinée de leurs bases respectives, malgré tous les aléas et toutes les vicissitudes auxquels ils sont confrontés. Même les “indépendants” sont, dans la plupart des cas, des ersatz de ces partis.
Ce retour aux premières loges de ces partis, quand bien même handicapés par l’absence de légitimité, n’est ni un signe de bonne santé démocratique du pays ni un gage pour un renouveau et un changement de système comme réclamé par les millions d’Algériens deux ans durant. Pensées comme l’ultime étape de la normalisation institutionnelle entamée avec la présidentielle, les assemblées locales, dont la plupart ne sont pas à l’abri de couacs, risquent paradoxalement de crisper davantage une population contrariée dans ses aspirations au changement par le raidissement du pouvoir et confrontée à une situation socioéconomique difficile.
Que peuvent bien faire les assemblées locales, déjà ligotées par la loi, avec des ressources limitées, dans un contexte de grave crise de confiance et dont une bonne partie est aux mains de ceux-là mêmes qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à la crise ? Si avec ce scrutin, le pouvoir achève d’écarter la hantise du passage par la case transition - pour combien de temps encore ? -, il reste qu’il n’aura pas réussi l’essentiel : résoudre la crise politique et rétablir la confiance au moment où le pays est confronté à de multiples défis. Le plus dur commence maintenant.