Cela fait trois ans que la révolution du Sourire a jailli des entrailles de l’Histoire pour montrer au monde une des valeurs les plus ancrées chez le peuple algérien : la résilience. Le système Bouteflika a, deux décennies durant, inhibé, à coups de répression, d’intimidation et d’argent, la société algérienne qui s’est retrouvée complètement paralysée. Mais c’était compter sans cet esprit de résilience qui habite l’Algérien depuis l’aube de l’Histoire.
Une candidature pour un 5e mandat, il n’en fallait pas plus pour que la clameur populaire aux quatre coins du pays se fasse entendre dans un passionnant élan citoyen avec pour mot d’ordre “Non à une énième humiliation”. Il y a eu Kherrata, puis Khenchela, avant que l’écho de l’insurrection pacifique ne déferle sur les villes du pays dans une inédite communion. Du jamais vu. Les images de toutes ces catégories de la population, vieux, jeunes, enfants, hommes et femmes, battant le pavé, côte-à-côte, et célébrant la liberté, enfin retrouvée.
Le mur de la peur était tombé et le système n’avait d’autre choix que de battre en retraite devant la déferlante populaire. Mais ce serait léser le mouvement populaire que de dire qu’il tendait seulement à faire tomber la supercherie du 5e mandat. Il suffit d’analyser les slogans et les mots d’ordre brandis par les manifestants pour mieux comprendre ce qui taraude les esprits des Algériens.
C’est que cette lame de fond que d’aucuns n’avaient anticipé tendait davantage à montrer une profonde aspiration à une véritable émancipation d’un système qui refuse de se réformer pour se mettre au diapason des changements intervenus dans les politiques de gouvernance à travers le monde. Plus que par son ampleur, son haut degré d’organisation ou son incroyable discipline, le mouvement populaire restera gravé dans l’Histoire de l’Algérie grâce, surtout, à son pacifisme à toute épreuve. La révolution du Sourire a ébahi le monde et érigé des ponts de fraternisation sans pareil depuis la guerre de Libération nationale.
Ces valeurs sont plus que nécessaires au raffermissement des liens entre citoyens, mais aussi entre ces derniers et leurs institutions. Et c’est cet esprit, qui tend aujourd’hui à s’effriter, qu’il s’agit aujourd’hui de ranimer pour aller, dans la sérénité et l’apaisement, vers la constrution d’une Algérie où tous ses enfants, sans exception, peuvent aspirer à une vie meilleure. Dans leur pays. Dans la dignité. ■