Comme partout ailleurs, l’Algérie célèbre aujourd’hui la Journée internationale des droits des femmes. Censée constituer une halte pour faire un inventaire des acquis de leurs droits, une date de sensibilisation de la société sur la condition de la femme et de mobilisation en faveur d’une pleine citoyenneté, la journée du 8 Mars a fini, au fil des ans, par se transformer en un rituel folklorique donnant lieu à des festivités et autres collations et défilés.
Comme on peut le voir partout dans le pays et, particulièrement, au sein des organismes étatiques ou des institutions, on ne manque pas de donner à cette journée un certain cachet festif en louant, au passage, les acquis “arrachés” par la femme et les droits que lui accorde la Constitution.
C’est ainsi qu’on présente, chose dont on peut convenir, la présence de la femme dans des postes à responsabilité dans divers secteurs, la criminalisation de la violence consacrée par le code pénal ou encore la consécration récente du principe de la parité comme des avancées non négligeables. Mais on omet assez souvent, délibérément, par conviction ou par calculs politiques, et cela dure maintenant depuis plusieurs années, d’évoquer le code de la famille qui confine pourtant la femme au statut de mineure.
C’est d’ailleurs un paradoxe algérien : une femme peut être présidente de la République, mais ne peut contracter librement un mariage et encore moins postuler équitablement à l’héritage. Institué sous l’impulsion des forces islamo-conservatrices, au début des années 1980, ce code, conjugué à une école livrée aux forces obscurantistes, a alimenté la discrimination et l’intolérance à l’égard de la gent féminine, malgré la résistance et les luttes courageuses de certains mouvements féministes et les forces progressistes en faveur de la citoyenneté et pour l’abrogation de cette loi scélérate.
Illustration de la régression : certaines campagnes menées sur les réseaux sociaux renvoyant la femme à la maison, les féminicides, un phénomène en pleine expansion ou encore le dénigrement, comme on a pu le voir durant le Hirak, des carrés féministes. Pourtant, il est universellement admis qu’une société qui n’émancipe pas sa femme ne peut aspirer au développement, à l’épanouissement et à la cohésion sociale. C’est dire que sans une réforme profonde, une modernisation de l’école et un cadre juridique approprié, l’ordre conservateur qui relègue la femme au statut de mineure a encore de beaux jours devant lui. ■