Jamais sans doute, depuis l’ouverture démocratique, l’opposition n’a eu à éprouver autant d’entraves et de difficultés dans l’exercice politique, que ces dernières années. À l’ostracisme dont elle est frappée au sein des médias s’ajoutent les harcèlements de l’administration et de la justice. Et rien ne symbolise ces temps durs que l’emprisonnement de Fethi Ghares, coordonnateur du MDS ; la suspension “provisoire” du PST, contraint à geler ses activités et à fermer ses locaux ; la menace de suspension qui plane sur l’UCP de Zoubida Assoul ou encore le placement du président du RCD, Mohcine Belabbas, sous contrôle judiciaire. Mais il n’y a pas que les partis critiques à l’égard de la politique du pouvoir qui subissent les foudres de la justice.
Les associations également. Pourtant, toutes les Constitutions algériennes depuis 1989 et certaines conventions internationales ratifiées par l’Algérie garantissent les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique pour les partis politiques. Mais, mieux encore, de par leur rôle dans l’animation de la vie démocratique, les partis, dans la séquence historique que traverse aujourd’hui le pays, confronté à de multiples défis, ne sont pas seulement utiles, mais nécessaires. Autant pour l’organisation et la structuration de la société que pour le rôle d’intermédiation qu’ils peuvent jouer.
C’est une exigence non seulement du contexte sociopolitique, mais aussi parce que nous mesurons aujourd’hui où la pensée unique a conduit le pays. Les enjeux commandent aujourd’hui de revoir la perception de l’opposition qui doit être considérée non pas comme ennemie, mais comme adversaire ou partenaire, appelée aussi à sélectionner des responsables pour gouverner.
Il est vrai que les conditions qui ont présidé à l’ouverture démocratique, le fonctionnement interne, certaines postures politiques, la corruption et la diabolisation orchestrés ont eu pour effet de discréditer et d’écorner l’image des partis. Il est tout aussi vrai que l’opposition est appelée à se renouveler. Mais cela ne doit en aucune façon justifier la fermeture et la répression.
Contraintes, tôt ou tard, à s’appuyer sur des relais politiques crédibles et à composer avec l’opposition pour porter les choix stratégiques pour le pays, les autorités gagneraient sans doute à lever les entraves sur le champ politique et médiatique. Seuls gages d’une meilleure santé démocratique, de l’adhésion populaire, du recouvrement de la confiance et de la garantie d’une stabilité politique pérenne. À charge ensuite à la société de choisir librement ses représentants. ■