La révélation, qui date de plusieurs mois déjà, est d’un responsable du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales : plus de 13 000 localités où vivent environ 7,2 millions d’habitants sont classées zones d’ombre en Algérie. Parmi les éléments d’évaluation des caractéristiques de ces zones, figurent, bien entendu, l’électricité, le gaz naturel, les routes, l’eau potable, mais également les établissements scolaires et les structures de santé.
En d’autres termes, les zones d’ombre sont des localités ou des hameaux souvent enclavés ou éloignés et isolés des centres urbains, pauvres et qui ne disposent pas des moyens ou des infrastructures nécessaires à une vie décente de leurs habitants. Marginalisées et exclues du développement des décennies durant, ces zones qui, parfois, sont privées de tout, et dont on n’hésite pas à dire qu’elles n’ont pas connu l’indépendance, n’ont même pas bénéficié d’une part de la rente du temps de l’aisance financière des années 2000.
À ce jour, certaines zones offrent l’aspect de régions hors du temps. Pourtant, pour un pays qui a connu les affres du colonialisme, avant celui du terrorisme durant les années 90, il aurait sans doute été plus judicieux d’accorder tout l’intérêt à ces régions et de prendre en charge toutes les préoccupations de leurs habitants. On a bien pu mesurer dans les années 90 ce qu’a coûté la misère au pays.
En effet, de l’avis de tous et éprouvé aujourd’hui même sous d’autres latitudes, y compris dans notre entourage immédiat, la misère et la pauvreté constituent assez souvent un terreau pour les extrémismes de diverses natures. Et le meilleur moyen de lutter contre l’extrémisme, outre les valeurs universelles appelées à être prodiguées à l’école, demeure et reste le développement.
En focalisant aujourd’hui sur la nécessité du développement et d’affectation de projets à ces zones, les pouvoirs publics ont probablement pris la mesure de la relation de causalité entre la misère et les fléaux qu’elle peut engendrer. Avec, par ricochet, les conséquences sur la sécurité. Reste, cependant, à savoir si le pays dispose aujourd’hui de suffisamment de ressources pour assurer un développement harmonieux partout au regard des multiples attentes exprimées par la population. Mais le défi mérite d’être relevé. Il y va de la pérennité de la stabilité. ■