Éditorial

L’arbre qui cache la forêt

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Karim KEBIR Publié 20 Décembre 2021 à 01:05

Seule la magie du football est en mesure de créer une telle atmosphère euphorisante. Partout en Algérie et même au sein de la diaspora, les Algériens sont sortis en masse, dans une liesse qui, parfois, vire malheureusement au drame, pour célébrer le triomphe des Verts en terre qatarie. Véritable catharsis, cette victoire obtenue par la bande à Bougherra, au prix de l’envie et d’un mental d’acier, vient mettre un peu de baume au cœur des Algériens éprouvés par un quotidien morose et de plus en plus difficile.

Il faut remonter sans doute au triomphe en Coupe d’Afrique en 2019 pour voir des scènes similaires où nos compatriotes, sevrés le reste de l’année et en proie à la déprime, retrouvent la joie de vivre, le temps d’une communion collective que seules les victoires footballistiques savent procurer. Au-delà de la victoire, statistiquement parlant, c’est surtout la réussite d’un collectif, l’engagement, la mission accomplie, le sérieux, le patriotisme et une fierté retrouvée qu’on semble confusément célébrer. 

C’est aussi une espèce d’affirmation, un pied de nez à ceux qui doutent des capacités d’une jeunesse qui ne demande pourtant qu’à être considérée et respectée. Pour le moral national, il n’y a probablement rien de mieux que les performances admirables de ces jeunes dont certains - à l’image de Belaïli miraculeusement revenu des abîmes de l’égarement - portent sur leurs épaules les rêves et les frustrations de tout un peuple, particulièrement sa jeunesse, aspirant à sa part de bonheur et à une place au soleil. Mais aussi éclatante soit-elle, cette victoire ne doit pas occulter une réalité amère et nous détourner de l’essentiel : la situation de notre sport-roi, le football national.

Gangréné par un affairisme de mauvais aloi, par la drogue et par la corruption, la discipline peine à se mettre au diapason des exigences d’un vrai professionnalisme. Hormis quelques percées individuelles et l’exemple, rare, de l’académie du Paradou, la discipline, prisonnière d’une gestion calamiteuse, se morfond dans des travers appelés à être éradiqués. Et ce qui est valable pour le football l’est tout autant pour d’autres disciplines et dans d’autres secteurs où le passe-droit, le clientélisme, le copinage, l’incompétence persistent à faire office de mode de gestion. 

Ce n’est peut-être pas sans raison que les fans des Verts, malgré l’euphorie, n’oublient pas de rappeler, à qui veut bien les entendre, la nécessité du changement, comme on a pu l’entendre lors des célébrations. Incarnation de la réussite, de la méritocratie et du travail bien fait, l’équipe nationale ne doit pas être éternellement cet arbre qui cache la forêt. ■

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00