Elles étaient partout ce week-end, à des endroits différents. Au Salon international du livre d’Alger, au tribunal de Sidi M’hamed et à la tribune politique sur la côte Ouest. De la même génération, chacune dans un domaine et chacune à sa manière, elles ont porté la voix d’un pays longtemps malmené. La première est Khalida Toumi, militante de la démocratie pendant des années avant de siéger dans plusieurs gouvernements de Bouteflika qui devait “prouver” son innocence. Son procès s’est enfin tenu après vingt-neuf mois de détention provisoire. Un record. Face au juge, l’ancienne ministre de la Culture a retrouvé la parole pour défendre son honneur, sous le regard “attristé” d’une Zohra Drif qui a mal vécu l’emprisonnement de son amie. L’égérie de la lutte pour les droits des femmes a taillé en pièces, avec brio, les chefs d’accusation.
En clamant son innocence, Khalida Toumi s’est dit “victime d’un complot”. De l’autre côté d’Alger, une autre figure du combat démocratique avait rendez-vous avec ses camarades pour tenter de redonner du souffle à une vie politique amorphe. La patronne du Parti des travailleurs sonne la remobilisation de ses militants à la faveur d’un congrès qui se tient dans un contexte de crispation. Louisa Hanoune, qui a aussi goûté aux affres de la prison en pleine insurrection citoyenne, repart à la bataille. Vent debout contre une situation politique “plombée”. Avec une fougue de jeunesse, elle poursuit inlassablement un long combat émancipateur. C’est une femme qui est partie de loin. Depuis l’époque du parti unique sans jamais renoncer. Ni la prison ni les persécutions n’ont eu raison de son engagement. C’est un modèle d’abnégation. Que l’on soit d’accord ou non avec elle et les idées qu’elle porte, elle force l’admiration.
À l’est de la ville, d’autres visages féminins diffusent les idées de progrès et de liberté. Elles se sont donné rendez-vous chez Koukou Éditions au Sila. Khaoula Taleb Ibrahimi, Tassadit Yacine, Taous Aït Ferroukh, Ferroudja Ousmer et Kahina Bahloul, toutes porteuses d’un monde algérien ouvert, tolérant et surtout plus libre. Outre leur mission de formation de générations d’étudiants, ces grandes universitaires ferraillent contre un modèle social éculé, pourfendant un système de pensée suranné. Elles sont la preuve sacrificielle d’une Algérie qui avance. Ces femmes qui ont fait le difficile choix de l’engagement politique et intellectuel sont une raison d’espérer. Elles repoussent les multiples causes du désespoir. Comme elles, nombreuses sont les Algériennes qui maintiennent allumée la flamme de la liberté.