L’économie algérienne est très largement dépendante des hydrocarbures et pourrait le rester encore pour de longues années. Certes, des efforts sont fournis continuellement de la part des gouvernements successifs pour tenter de l’en extraire. La diversification économique et la réduction de la dépendance aux recettes pétrolières sont deux axes qui reviennent comme une rengaine dans les politiques publiques. Une évolution se fait d’ailleurs sentir pas seulement sur le plan du discours, mais aussi au niveau de l’action. Sauf que sur le terrain la machine a tendance à grincer devant le mastodonte que représente l’appareil bureaucratique qui donne des sueurs froides, y compris à l’Exécutif lui-même.
Il se dégage comme une nette impression que malgré toutes les bonnes volontés qui s’expriment, se manifestent, orientent, ordonnent… les choses n’ont pas l’air de bouger. Et les nouvelles provenant du marché mondial du pétrole ne sont pas de nature à rassurer. La crise sanitaire semble avoir durablement atrophié les investissements dans l’industrie pétrolière, notamment en ce qui concerne les activités situées en amont, c’est-à-dire l’exploration et la production. Pour la deuxième année consécutive, le niveau des investissements a perdu un quart des montants habituellement alloués, dans les années d’avant la pandémie, et qui se situait autour de 525 milliards de dollars.
Aujourd’hui, le marché n’arrive à mobiliser qu’à peine 340 milliards de dollars. Il va sans dire que cet étiolement des capitaux injectés dans l’activité de base des hydrocarbures aura un impact extrêmement négatif, voire préjudiciable sur le secteur dans les années à venir. Par effet domino, les économies qui ont un niveau de dépendance élevé vis-à-vis des ressources pétrolières, comme la nôtre, pourraient en payer le prix fort. Déjà qu’en termes d’investissements directs étrangers, l’Algérie n’est pas connue pour être une destination très attractive, cette nouvelle donne risque encore d’éloigner les rares compagnies tentées par un positionnement sur la filière.
L’arrivée de plus en plus imposante sur le marché des pétroles non conventionnels, à l’instar des sables bitumeux ou des schistes, accentue davantage la pression sur les producteurs de pétrole conventionnel. Cette perspective, loin d’être heureuse, doit donner à réfléchir à nos dirigeants. Le temps ne doit plus être aux atermoiements qui inhibent les énergies et les initiatives des créateurs de richesses. Tous les efforts doivent aujourd’hui converger vers la fondation d’une véritable économie diversifiée qui se défait impérativement et définitivement de la dépendance aux hydrocarbures. Ce ne doit plus être une promesse, mais une exigence. Parce que nous n’avons plus le choix.