L’économie algérienne, non encore remise de la chute historique des cours du pétrole entamée en 2014, est aujourd’hui prise dans l’engrenage de la crise sanitaire mondiale. L’impact est double sur une économie otage des vieux schémas et qui peine à s’en soustraire, nonobstant toutes les bonnes volontés engagées dans le sens de la réforme. C’est que l’héritage de l’économie mono-dépendante est trop lourd à assainir et les vieux réflexes qui le sous-tendent sont prédominants dans les institutions.
Est-ce à dire que la bataille est perdue d’avance et que c’est une mission impossible que de renverser la vapeur ? Que nenni. Évidemment, toute réforme ne peut se suffire de discours, bien qu’il soit important que la démarche soit encadrée politiquement, à travers des orientations résolues et claires. Mais pour réussir le changement qui tend à asseoir les fondations d’une économie diversifiée, affranchie de l’emprise du tout-pétrole, il apparaît indispensable de privilégier l’action. Ce n’est en effet qu’à l’aune des résultats sur le terrain que l’on peut jauger de l’efficacité de telle ou telle approche. Mais en parallèle, toute mutation doit passer, pour le cas de l’Algérie, par un assainissement profond du secteur informel qui étend son emprise sur des pans entiers de l’activité économique. À la résilience tant espérée de l’économie officielle face aux difficultés de tous ordres qu’elle affronte, c’est l’informel qui présente pour le moment les meilleures conditions de pérennité.
La “bazarisation” de l’économie n’est pas une vue de l’esprit. Elle a étendu ses tentacules des décennies durant et il sera d’autant plus difficile de l’extirper que le phénomène continue de prospérer. Il ne concerne d’ailleurs pas uniquement le secteur commercial, mais il touche également d’autres filières comme l’industrie, l’agriculture, le tourisme et les services. Les chiffres sont effarants.
L’informel représente environ 30% du PIB. Là aussi, ce ne sont pas les discours qui manquent quant à la nécessité de traiter ce mal en l’intégrant dans la sphère économique normale. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Tous les experts sont unanimes à affirmer que notre pays recèle des potentialités, tant sur le plan humain qu’en termes de richesses naturelles, pour pouvoir se sortir du guêpier sans trop de dégâts.