Propulsée, de nouveau, par la crise russo-ukrainienne, la problématique de la sécurité alimentaire occupe de plus en plus le devant de la scène au niveau international. La mondialisation a induit une interconnectivité commerciale entre les pays, au point que le moindre conflit provoque des tensions à grande échelle sur la distribution des produits et matières premières alimentaires. Et si le marché international a été si perturbé avec l’invasion russe de l’Ukraine c’est parce que ces deux pays figurent dans le top 10 des plus grands producteurs de blé au monde, pour ne parler que de cette denrée vitale pour la consommation humaine. À eux deux, ils assurent le cinquième de la production mondiale. Un conflit d’une telle ampleur ne peut, évidemment, qu’avoir de lourdes conséquences sur l’approvisionnement du marché international et, par ricochet, sur les cours mondiaux.
Cette nouvelle donne a renvoyé de nombreux pays à leur triste condition de nations dépendant de l’étranger pour les produits de consommation de base. Et dans ce remue-ménage mondial, l’Algérie est d’autant plus concernée qu’elle compte parmi les plus grands importateurs et consommateurs de blé au monde. Cette situation la place dans une peu envieuse position d’inféodation à l’égard des fournisseurs étrangers. Surtout que les quantités importées sont considérables. C’est pour cela que les experts préfèrent désormais parler de souveraineté alimentaire que de sécurité alimentaire. Les plus hautes autorités du pays semblent avoir en tout cas pris conscience de l’importance, voire de la gravité de la question. Le chef de l’État considérait d’ailleurs, lors d’un récent Conseil des ministres, le secteur agricole comme “un enjeu crucial pour la nation et une question de dignité nationale”.
Il n’a pas manqué, à l’occasion, de pointer un facteur aggravant de la dépendance de l’Algérie des marchés étrangers pour sa consommation céréalière. Il s’agit de la baisse des chiffres de la production céréalière pour un pays qui, pourtant, dispose d’immenses potentialités en la matière. Il apparaît nécessaire aujourd’hui d’observer une halte et de s’interroger sur les raisons de l’inefficience des politiques agricoles menées depuis des décennies. Une situation qui maintient le pays dans une dépendance qui, un jour ou l’autre, peut s’avérer dangereuse pour sa sécurité et sa souveraineté. ■