Cette envolée des prix du pétrole et du gaz sur les marchés mondiaux est un moment déterminant pour l’Algérie, car elle participe grandement à la résorption du déficit extérieur et alimente, par la même, le stock en devises.
Les troubles géopolitiques impliquant la Russie et l’Ukraine et leurs effets sur les marchés mondiaux ne semblent pas faire que des perdants, puisque la hausse des cours des hydrocarbures fait gagner aux producteurs d’importantes recettes en devises.
Les exportateurs de matières premières énergétiques, dont l’Algérie, ont enregistré les plus gros gains mensuels depuis le début de 2020, date d’une chute vertigineuse des cours du pétrole sur le marché international en raison de la diffusion du virus de la Covid-19 à travers le monde.
Les prix mondiaux du brut ont atteint, cette semaine, des niveaux jamais vus depuis la crise financière de 2008. Certains acheteurs, qui tentent d’éviter les exportations russes de brut et de carburants, risquent de participer à la formation de ce qui pourrait être la plus grande perturbation de l'approvisionnement énergétique mondial depuis des décennies. La flambée des cours de ces derniers jours en est un signal d’alarme.
Car, aux faits de la conjoncture géopolitique tendue, viennent se greffer des problèmes structurels qui affectent le marché pétrolier, dont la baisse des investissements mondiaux dans le pétrole et le gaz. Sans l’ombre d’un doute, le déclin en cours des investissements mondiaux a, en partie, entraîné le resserrement du marché.
Quoi qu’il en soit, un brent au-dessus de 120 dollars le baril arrange les affaires de nombreux pays producteurs, dont l’Algérie qui va devoir rééquilibrer ses comptes extérieurs, en attendant des réformes structurelles et des ajustements de fond de nature à rétablir durablement la balance des paiements, loin des facteurs conjoncturels qui, en réalité, n’offrent qu’un répit de courte durée à l’économie nationale, qui demeure trop dépendante de la rentabilité du Sahara Blend.
Cette envolée des cours du pétrole et du gaz est un moment déterminant pour l’Algérie, tant il est vrai qu’elle participe grandement à la résorption du déficit extérieur et alimente, par la même, le stock en devises investi dans les banques souveraines occidentales.
Peu résiliente face aux chocs externes, l’économie nationale a subi de plein fouet les deux derniers contrechocs pétroliers de 2014 et de 2020 ; le brent atteignant un plus bas de 17 dollars en avril 2020.
Sur les sept dernières années, l’Algérie a perdu 150 milliards de dollars sur ses réserves de changes et consommé l’ensemble de ses avoirs en dinars stockés dans le Fonds de régulation des recettes pétrolières. Pour ainsi dire, le retour à l’ère du pétrole cher ne doit pas occulter le besoin de réforme.
Cette flambée des cours qui, à plus forte raison, aiderait à la résorption du déficit extérieur, car subordonnée à un baril de 91,5 dollars, est venue remettre au goût du jour les impératifs d’accélérer les réformes plutôt que de continuer à brûler la chandelle par les deux bouts.
D’autant plus que l’équilibre du budget – examen beaucoup plus complexe car tributaire d’importants efforts et d’ajustements de fonds – ne peut se réaliser qu’avec un baril de pétrole supérieur à 140 dollars.
Quoi qu’il en soit, l’heure est venue de tirer profit de cette hausse des recettes en investissant dans l’amélioration de l’offre domestique des biens et services, dans la diversification des sources de devises, d’énergie et de revenus fiscaux.
Par ailleurs, les pressions inflationnistes que subissent les pays partenaires et l’envolée des cours des produits inflationnistes sur les marchés mondiaux pourrait se traduire, en interne, par la résurgence du phénomène de l’inflation importée. Cela nécessiterait probablement l’intervention de la Banque centrale et le renforcement des mesures prises récemment en Conseil des ministres.
Ali TITOUCHE