Résumé : Lisa a une prise de conscience. Elle va demander pardon à sa mère. Celle-ci lui demande de rentrer chez elle et de s’expliquer avec son mari. Lisa ne se fait pas prier. Elle tente de discuter avec lui. Il serait parti chez ses parents s’il n’avait pas craint les questions de sa mère.
Lisa apprécie à sa juste valeur le fait qu’il ne soit pas parti chez ses parents et surtout qu’il ait gardé pour lui son refus d’avoir des enfants. Pour elle, ce n’est pas le bon moment. Dès qu’elle se sentira prête, elle leur fera la surprise.
Leur vie reprend son cours normal. Pour Lisa, une journée normale, c’est une journée où elle aura vu sa mère plusieurs fois dans la journée et sera restée avec elle une grande partie de la soirée. Si elles n’avaient pas eu le temps de se parler, la jeune femme aurait l’impression d’avoir raté quelque chose.
Hamid les rejoint à midi ou pour dîner. Il n’y a jamais un plat prêt à la maison. Quand il fait des achats, c’est uniquement des fruits et des laitages. Lisa n’est jamais à la maison pour avoir le temps de cuisiner.
Il achète des gâteaux secs pour les soirs où il a envie de grignoter devant la télé. Sa belle-mère leur en prépare souvent. Il la trouve adorable et reconnaît que même sa propre mère n’en ferait pas autant pour lui. Surtout pour eux…
S’il écoutait sa femme, ils prendraient leurs affaires et iraient s’installer chez sa belle-mère, mais il tenait à avoir de l’intimité. Si un jour ses parents décident de leur rendre visite, ils viendront chez lui. Même si Maya a un cœur en or, il ne voulait pas la déranger davantage.
Sa belle-sœur Maria, dont le mari a été muté au sud du pays, n’était plus revenue. Ils s’appelaient de temps à autre. Sabri leur écrivait parfois de courts mails. Il avait des problèmes pour s’adapter. Il était mort de fatigue, ne parvenait pas à récupérer les jours où il ne travaillait pas. Il suivait des cours de langues avec d’autres étrangers. Lui qui était habitué à être gâté par sa mère et ses sœurs, s’est retrouvé seul face à la solitude.
“J’ai beau être entouré de copains, je ressens votre absence. Je pense à maman. Sa voix joyeuse m’accompagne dans mes rêves. Prenez soin d’elle puisque je ne peux plus le faire”.
Hamid et Sabri s’écrivent régulièrement. Ils s’étaient souvent croisés au laboratoire avant son départ. Sabri alors ignorait qu’il se tramait quelque chose entre eux. Il était heureux pour eux. Hamid avait trouvé un second frère en lui.
Lisa le constate à chaque fois qu’elle lit les mails qu’ils s’échangent. Son frère lui écrit aussi, mais elle s’imagine qu’il se confie plus à son mari qu’à elle. C’est effectivement le cas. Il lui raconte avoir travaillé dans deux bars où il y a eu des bagarres.
Il a pris un coup de poing à l’œil où il a failli le perdre. Il a pris du temps pour guérir.
Elle sent toute sa souffrance. Elle a mal pour lui. Elle n’en dit rien à sa mère. Car tous les messages qu’il envoie à leur mère, dégagent de la joie de vivre et de l’amour.
-Je préfère avant, dit Maya. Lorsque le facteur apportait le courrier. Sur l’enveloppe, ton nom et ton adresse écrits de la main bien-aimée ! Le papier à lettre empli d’écriture personnelle ! En lisant la lettre, les mots résonnent en toi…
-Si tu veux, je t’imprime ces mails, propose Lisa. Si tu préfères la version papier, je te les ferais !
-Oui, du papier, c’est mieux que ces mails sur l’écran, répond sa mère. Tu sais, lui confie-t-elle, je lis tous ces mots réconfortants, qui font plaisir et je ne peux pas m’empêcher d’imaginer tout ce qu’il ne me dit pas ! Pour ne pas m’inquiéter… Cela fait des mois qu’il est parti et il me semble qu’il y a une éternité que je ne l’ai pas vu ! Même dans mes rêves, il est loin, inaccessible.
Maya essuie des larmes qui bouleversent sa fille. Ce soir-là, Lisa a du mal à la laisser seule. Elle a comme un mauvais pressentiment.
à suivre
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