Des Gens et des Faits 102e partie

LA BOURGEOISE

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Yasmina HANANE Publié 14 Avril 2022 à 12:00

Résumé : Mordjana était partie travailler, et la maison était silencieuse. Samir avait paressé un long moment au lit avant de se décider à se rendre à son boulot. On était presque à la mi-journée. Après quelques hésitations, il contacte Ilhem et l’invite à déjeuner, avant de lui dévoiler le sujet de ses préoccupations.

Il hoche la tête.
-Nous sommes mariés depuis un peu plus de trois années maintenant. Il est grand temps pour nous de penser à l’avenir de notre couple.
-Certes. Mais vous aurez dû consulter des médecins pour en avoir le cœur net.
-Nous avons consulté des médecins et effectué toutes sortes de tests et d’analyses. Tout paraît normal.
-Alors, ce n’est plus qu’une question de temps.
-C’est ce que je ne cesse de répéter à Mordjana.
-Et elle ne veut pas l’admettre.
-Elle n’admet pas qu’après ces trois années, elle n’est pas encore tombée enceinte. Elle ne respire plus que dans l’espoir d’enfanter un jour.
-Peut-être faudra-t-il voir d’autres spécialistes ?
-Ne t’en fais donc pas. Nous avons tapé à toutes les portes. Des médecins nous ont orientés vers des professeurs et nous nous sommes retrouvés à courir d’un cabinet à un autre sans trouver d’issue. Mordjana a même tenté des traitements traditionnels.
Ilhem se tut. Elle prend sa fourchette et se met à manger sans prononcer un mot. Elle se sentait triste pour son ami et aurait aimé faire quelque chose pour lui venir en aide. Elle n’avait qu’à le regarder pour comprendre l’ampleur de son chagrin.
Samir mangeait machinalement. Il piquait dans son assiette tel un automate et jetait de temps à autre un regard dans la salle pleine de gens qui déjeunaient en discutant gaiement.
Des éclats de rires leur parvinrent. La terre tournait toujours, et le printemps était très beau pour ces insouciants qui croquaient la vie à pleines dents.
-Je paierais cher pour mettre fin à tous ces tourments.
-Je comprends. Ce sujet te tracasse.
Il hausse les épaules.
-S’il ne s’agissait que de moi, je m’en serais accommodé. Mordjana m’inquiète. Elle est devenue très susceptible.
-Peut-être te soupçonne-t-elle d’avoir une relation extraconjugale ?
Il secoue la tête.
-Non. Ce n’est pas du tout le cas. Elle est tellement préoccupée par son état qu’elle ne voit plus rien d’autre.
-Alors, il faudra qu’elle prenne son mal en patience. Il y a des tas de femmes dans son cas à travers le monde.
-Je n’ai pas cessé de le lui répéter. Elle ne veut rien savoir.
-Et ces traitements traditionnels ?
Il hausse les épaules.
-Oh ! Tu sais, moi j’y crois pas trop. Au fond d’elle-même, Mordjana non plus n’est pas trop convaincue. Seulement, comme le dit l’adage, qui ne tente rien n’a rien.
Ilhem hoche la tête.
-Tu me vois désolée pour toi Samir. Tu ne mérites pas un tel sort.
-Les dés sont jetés, Ilhem. Que pourrais-je faire d’autre que prendre mon mal en patience.
Elle met une main sur son bras et sourit.
-En tous les cas, moi je serai toujours là. Tu peux compter sur mon soutien. N’hésite pas à me faire appel à chaque fois que tu as besoin de t’évader.
-C’est le cas aujourd’hui. Mais je trouve que c’est de l’égoïsme de ma part.
-De l’égoïsme ?
-Oui. Que t’ai-je apporté, moi ? Je t’ai quittée, je t’ai fait souffrir.
-Ce n’était pas toi le fautif, Samir. Ce sont les circonstances. Je suis tout de même heureuse de t’avoir retrouvé et de savoir que tu m’aimes encore.
Elle soupire.
-Certes, il n’est pas aisé pour nous de nous rencontrer ainsi, tels des voleurs. Je n’aime pas trop ça. Cependant, je dois me contenter de ces miettes que la vie m’accorde. Je ne pourrais demander plus.

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