Résumé : Samir est occupé par ses projets. Il a donné des rendez-vous et assuré une conférence à l’université. Lorsqu’il se libère, il se faisait tard, et il a omis de rappeler Mordjana. Alors qu’il se dirigeait vers son véhicule, une voix l’interpelle. Surpris, il se tourne et reconnaît Ilhem, son ancienne fiancée. Éplorée, cette dernière revient sur leur passé.
Elle s’arrête et étouffe un sanglot avant de poursuivre :
- J’ai été naïve de croire en toi. Je pensais que tu m’aimais.
Elle ne peut se retenir davantage et se met à pleurer à fondre l’âme.
Dépité et ne sachant que faire, Samir regarde autour de lui. Quelques retardataires discutent encore devant les portes closes de l’université, et des agents d’entretien vident les poubelles ou balaient les trottoirs.
- Assez, Ilhem. Ce n’est pas ce que tu crois. Je t’ai sincèrement aimée. Je te le jure.
Elle relève promptement la tête.
- Tu mens. Tu mens et tu n’as même pas le courage de reconnaître tes erreurs. Tu m’as traînée dans la boue et m’as abandonnée. Je suis devenue la risée de mon entourage et de nos relations. Mes ennemis ont triomphé de ma détresse.
- Je t’assure qu’il n’en est rien, Ilhem. Rappelle-toi donc. J’ai même tenu tête à ma mère et affronté sa colère pour la décider à accepter notre union.
- Oui. C’est ça. Montre-moi ton héroïsme manqué. Ta mère n’a jamais voulu de moi dans la famille. Elle a eu le dessus finalement et t’a marié à la fille de son choix. La bru idéale qui se soumettra à ses quatre volontés et lui donnera de beaux petits-enfants.
Elle se tait puis, comme mue par une force intérieure, demande d’une voix autoritaire :
- Tu as des enfants, Samir : un, deux… ?
La gorge nouée, il ne peut répondre, mais secoue négativement la tête. Elle penche la tête sur le côté et ébauche un sourire moqueur.
- Non. Pas d’enfants. Ce n’était pas dans les calculs de ta maman. Hasna aurait sûrement aimé voir son fils comblé par une belle progéniture, afin de faire d’elle la grand-mère paternelle exemplaire. Ce qui sous-entend un bonheur familial parfait.
Elle renifle et tire un mouchoir de son sac pour s’essuyer les yeux. Mais ses larmes et ses sanglots reprennent de plus belle. Samir aurait voulu la planter là et partir, mais il n’en a pas le courage.
- Cesse de pleurer, Ilhem, arrive-t-il enfin à prononcer. Je t’en prie, crois-moi, ce n’est pas ce que tu penses. Ce… ce mariage avait eu lieu dans des circonstances un peu spéciales.
Elle hoche la tête.
- Tout à fait. Là, je te crois. On m’a dit que tu as accepté les yeux fermés cette femme qu’on te désignait. On te l’a imposée et tu n’as même pas eu le courage de riposter ou de refuser. Tu as fini par l’accepter et devenir son époux légitime. À te voir aujourd’hui, on jurerait que tu n’es pas aussi malheureux que tu veux me le faire croire.
Samir ouvre la porte de son véhicule avant de répondre :
- J’aimerais pouvoir te raconter les conjonctures qui m’ont amené à contracter ce mariage. Je ne t’ai pas trahie. Je voulais tout t’expliquer, mais tu ne voulais rien savoir. Tu me fuyais et ne voulais même pas répondre à mes appels.
- C’est ça. Accuse-moi d’être l’instigatrice d’une situation que tu n’as pas su maîtriser. Allez, sois honnête et avoue que tu étais consentant quant au choix de ta mère.
Il regarde autour de lui une seconde fois puis revient vers elle.
- Nous sommes en pleine rue et au beau milieu de la nuit. Ne vois-tu pas qu’il est tard et que nous devrions rentrer ?
Elle secoue la tête.
- Le temps et le lieu ne comptent plus pour moi. Je te retrouve après toutes ces années et ne compte pas te lâcher de sitôt.
Elle se met à rire tristement.
- Ah ! J’oublie. Tu appréhendes sûrement les remarques désobligeantes de ton épouse.
- Tu te trompes, Ilhem. Mordjana n’est ni agressive ni méchante.
- Ah ! Tu vois comme tu prends sa défense. Je savais que quelque chose ne tournait pas rond chez toi.
Agacé, il soupire.
- Dans ce cas-là, pourquoi poses-tu autant de questions ?
Elle hausse les épaules.
- Eh bien parce que ma curiosité l’emporte parfois sur mes sentiments. Mais, dans ton cas, je dirais plutôt le contraire : ce sont les sentiments qui l’emportent sur ma curiosité.
Elle baisse les yeux et se remet à pleurer.
- Je t’aime toujours, Samir. La rencontre de ce soir a réveillé cet amour qui dormait au fond de mon âme. Je ne me résigne pas à t’oublier.
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