Quoi qu’il en soit, le recueil de poésie se veut un élan d’amour mais aussi de fidélité de l’autrice à Kamel dans présence éternelle, a-t-on appris de l’oratrice, qui a présenté l’éloge de sa douleur au stand Elfairouz, lors du Sila.
Ah, le grand amour auquel nul n’échappe puisqu’on est la cible de l’arc de ce sacré Cupidon, qui nous guette et nous foudroie d’une flèche au coin d’une rue, sur le siège d’un taxi collectif à 20 DA ou dans la file d’attente pour l’enregistrement des bagages, à l’aéroport, ou vers le stand du Sila où se déroule la vente-dédicaces d’un as de la plume.
Alors, mythe ou réalité ? L’impromptue rencontre avec l'âme sœur ou l’élu(e) de son cœur, comme aiment à l’appeler les romantiques, Le bel amour (1975) a été chanté tour à tour par le regretté Alain Barrière né Alain Bellec (1935-2019) et Le grand amour (1975) par l’ancien leader du groupe belge Crazy Horse, qui était en ce temps-là le défunt Alain Delorme né Alain Verstraete (1949-2020).
D’où il est requis de croire au rêve ou au signe qui se révèle à l’aube de la promesse après la longue nuit de l’espérance. Et lorsqu’il est là l'amour idéal, il ne peut échapper à l’implacable réalité d’une rupture ou d’une brutale déchirure et qui engendre les vers d’une émouvante poésie pour l’être cher... disparu : “Les plus désespérés sont les chants les plus beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots” que la dame de lettres Nna Djouher Amhis Ouksel emprunte à Alfred de Musset (1810-1857), ce poète du mouvement culturel du XVIIIe siècle de la période romantique pour consoler son amie, la poétesse Fouzia Laradi et honorer ainsi la mémoire de Kamel, le passé et l’éternel (éd. Elfairouz). Oraison funèbre ou “hommage à un grand homme” ?
Quoi qu’il en soit, le recueil de poésie se veut un élan d’amour mais aussi de fidélité de l’autrice à Kamel dans présence éternelle, a-t-on appris de l’oratrice qui a présenté l’éloge de sa douleur au stand Elfairouz, lors du Sila. “Dans ton site nouveau. Ta demeure éternelle. Dans les bras de ta terre. Guyotville ta merveille”, apprécie-t-on dans l’ode à Kamel. N’est-il pas utile de dire son mal éploré, sa douleur larmoyante à l’aide de l’émotion et du larmoiement ?
Alors et pour se tranquilliser l’autrice se réconforte de ces mots : “Il n’est pas mort, il s’est seulement absenté” a écrit Nna Djouher Amhis Ouksel dans sa préface. Et à cela, il n’y a ni honte ni faiblesse, du fait que les larmes du chagrin s’ajoutent à l’encrier de l’attendrissement où la conférencière a trempé sa plume. “Doucement comme un ange. De mes bras s’est ôté ce 2 avril. Sans me faire ses adieux. Il a pris son sentier”, a écrit l’autrice dans le poème Une étoile s’est éteinte.
Mieux, à l’antidote du chagrin, il y a aussi l’affectueux élixir de l’amitié conçu des mots conviviaux et compassionnels de Mme Mokhtari ainsi que les tatas Farida et Nadira, auxquelles s’ajoute l’élan de l’écrivain Amin Zaoui. “Désolée” qu’il ne soit pas là à son anniversaire ni à la Saint-Valentin, la poétesse Fouzia Laradi entame l’année nouvelle sans le Kamel de sa vie.
Et dans cet ordre d’idées, quoi de plus beau qu’un recueil de poésies, en français et en arabe, pour y honorer ce “papillon blanc” qui n’est autre que son époux en souvenir des jours heureux. N’est-ce pas là, le cadeau d’une vie à deux avant que le destin n’ordonne à la faucheuse de se mêler ?
Il est vrai qu’un recueil de lyre symbolise l’amour mais aussi la fidélité d’être “unis à l’infini” et aide l’autrice affligée à sécher ses larmes et à s’apaiser l’âme de sa tragédie “kamélienne”. Paix aux âmes accablées.
LOUHAL Nourreddine
Kamel le passé et l’éternel, de la poétesse Fouzia Laradi
(éd. Elfairouz), 90 pages.