Ce film inspiré du roman éponyme (prix Goncourt 2016 du premier roman), de Joseph Andras, est le récit de la lutte de Fernand Iveton (Vincent Lacoste), et de sa femme Hélène (Vicky Krieps), pour l’Algérie libre.
La sortie en salle du film De nos frères blessés, le 23 mars 2022, coïncide avec le 60e anniversaire des Accords d’Évian. Réalisé par Hélier Cisterne, le film est le récit de la lutte de Fernand Iveton (Vincent Lacoste) et de sa femme Hélène (Vicky Krieps), pour l’Algérie libre. Nous sommes en 1954, en France métropolitaine : Fernand, Français né en Algérie et Hélène, Polonaise, tombent amoureux et décident d’aller vivre à Alger. Communiste, Fernand adhère aux revendications des Algériens pour leur indépendance et au FLN en 1956. Militant du Parti communiste algérien comme son ami l’aspirant Henri Maillot (mort sous les balles de l’armée française en 1956 dans la région de Chlef), il rejoint le FLN à titre individuel, comme le Front l’avait exigé.
C’est à ce titre qu’il accepte de poser une bombe dans son usine EGA d’Alger pour provoquer une coupure d’électricité dans la ville et protester contre le régime colonial français. Il avait exigé qu’elle soit réglée pour exploser bien après la sortie des ouvriers, pour ne pas faire de victimes. Remarqué par un gardien, Fernand Iveton fut arrêté et torturé durant plusieurs jours avant d’être déféré devant un tribunal militaire. Jugé de manière arbitraire, il est condamné à la peine capitale. N’étant coupable d’aucun crime puisque la bombe n’a pas explosé et n’a donc tué ni blessé personne, Fernand Iveton a demandé la grâce au président Coty, mais son recours est refusé après les avis défavorables de Guy Mollet et du ministre de la Justice de l’époque, François Mitterrand. Il sera guillotiné le 11 février 1957 dans la cour de la prison de Barberousse (Serkadji). “Nous sommes en pleine bataille d’Alger, où les bombes provoquent la mort de plusieurs Européens. Pour les autorités de l’époque, il fallait faire de Fernand Iveton un exemple”, explique Benjamin Stora dans la préface des notes de productions du film De nos frères blessés.
Il est possible que Mitterrand ait fait voter, en 1981, l’abolition de la peine de mort pour “réparer les nombreuses exécutions en Algérie durant son règne”, le soupçonnent certains observateurs comme l’avocat Roland Dumas et le réalisateur du film De nos frères blessés, Hélier Cisterne. Les dernières paroles d’Iveton furent : “Je vais mourir, mais l’Algérie sera indépendante.” Joseph Andras lui a rendu hommage dans son roman De nos frères blessés, prix Goncourt 2016 du premier roman qui a inspiré le film éponyme d’Hélier Cisterne. “Iveton était un idéaliste qui aimait sa terre, sa femme, ses amis, la vie et la liberté.” Un critique littéraire ajoutait : “Quand la justice s’est montrée indigne, la littérature peut demander réparation.” Du genre drame historique, le film De nos frères blessés d’Hélier Cisterne, interprété principalement par Vincent Lacoste (Iveton), Vicky Krieps (son épouse), Meriem Medjkane, Myriam Ajar, dure 1h35. Il est actuellement projeté dans les salles de plusieurs villes de France.
Il convient de préciser que De nos frères blessés a été tourné entre 2019 et 2020. Cependant, en raison de l’épidémie du coronavirus, il n’est sorti dans les salles que ce 23 mars 2022. Il a par contre été présenté lors de manifestations culturelles et a remporté le Prix du Jury Jeunes au Festival international du film de Saint-Jean de-Luz en 2020 et le Prix du Jury Jeunesse au Festival du film de Cabourg en 2021. Hélier Cisterne, réalisateur français né en 1981, a été formé à l’université de Paris-8, spécialité scénariste, réalisateur. De nos frères blessés est son deuxième long métrage, après Vandal réalisé en 2013. On lui connaît également plusieurs courts et moyens métrages pour lesquels il a obtenu des distinctions. Hélier Cisterne est aussi réalisateur de télévision, avec, entre autres, le Bureau des légendes, série en cinq épisodes réalisée en 2015.
De Paris : Ali Bedrici