Le Salon international du livre d’Alger fait son come-back après deux ans d’absence. Pour cette 25e édition qui se tiendra du 25 mars au 1er avril au Palais des expositions des Pins maritimes (Safex), les maisons d’édition algériennes proposeront tout au long de ce rendez-vous les nouveautés qui viennent de sortir de l’imprimerie. À cette occasion, les férus de lecture auront l’occasion de trouver leur bonheur à travers des ouvrages scientifiques, de poésie, d’histoire, des romans...
TAFAT ÉDITIONS
La Légende du Doyen, de Louhal Nourreddine : La légende du Doyen est le regard d’un fan ordinaire, se trouvant à l’extérieur de la maison MCA. C’est dire qu’au-delà du récit l’idée de l’auteur charrie une évocation multidimensionnelle, comme ce repère qui a mis fin à l’errance identitaire algéro-berbère. D’ailleurs, la dynamique du MCA a permis à des femmes et à des hommes de mûrir leur réflexion de se débarrasser des chaînes du joug colonial français à l’aide du mouvement culturel et sportif. À ce propos, l’éclosion du Mouloudia Club algérois a été pour les “Ya Ouled” ce tremplin vers l’espace de liberté et d’épanouissement qu’ils n’avaient pas auprès de la caste coloniale. S’ensuit l’émergence des défenseurs du patrimoine musical classique algérois qui allait concourir d’un élan citoyen à l’inespérée émersion d’une vie artistique et culturelle au siège de Nadi Ettaraqi - Cercle du progrès. À cet égard, cette œuvre porte également le vœu de paix pour endiguer la violence qu’il n’y avait pas dans nos stades, car nous sommes des frères.
PРrix : 1 000 DA.
Le Miroir amazigh, de Tarik Mira : Le peuple amazigh porte sur son front, comme un diadème, la résistance et la sacralité de la terre. Cette caractéristique lui est chevillée au corps jusqu’à perdre, en certaines circonstances, la force et le goût de bâtir. D’où puise-t-il cette force jusqu’à préserver sa langue alors que l’alphabet a très tôt disparu et que d’autres idiomes autrement plus puissants en termes de prestige attaquent sans cesse ce trésor ? C’est ici que le miracle fut et laisse ouvert la perspective d’un avenir meilleur. En quoi les traits qui se sont manifestés à travers le temps nous ont été bénéfiques ? Quel est le revers de la médaille ? L’introspection de nous-mêmes est indispensable à la connaissance de soi et des autres afin d’avancer dans le futur.
L’analyse doit éviter l’autosatisfaction et le chauvinisme, par ailleurs si mauvais conseillers. Quelques portraits de héros tragiques illustrent cette permanence de traits. Les connaître aidera notre peuple à aller dans le bon sens. Il a déjà investi le chemin du renouveau avec le temps présent.
Prix : 600 DA.
La Culture du sang, d’Amin Zaoui : Ce qui se passe dans le monde arabe et le Maghreb est scandaleux. Et plus scandaleux encore notre silence, le silence arabe et le silence international. Ne rien faire est, d’une façon ou d’une autre, une sorte de participation à cette guerre qui tue le mot libre et les lettres lumineuses sur les feuilles et sur les lèvres de milliers, voire de millions de jeunes. Ne rien faire, c’est cautionner les crimes qui ravagent les femmes, les enfants, les hommes et les étrangers. Prendre le maquis du silence, c’est renforcer les rangs des maquis des intégristes, ennemis de la vie, de la beauté et de la liberté. Dans cette période, aussi critique que scandaleuse, La Culture du sang, essai sur et à propos de la censure, tente de témoigner, d’analyser et de débattre de la situation de la culture, des langues, du statut du créateur, des censures, des interdits, des assassinats et de l’exil des intellectuels. Avec sa sensibilité de romancier, d’Algérien, ayant eu à vivre et ayant toujours à vivre les déchirements de son pays, où il a choisi de retourner, Amin Zaoui évoque ce culte, cette culture du sang qui hante le monde arabe, que ce soit le sang des menstrues, le sang du sacrifice, le sang qu’on répand pour purifier. Il nous dit ainsi quelles violences résultent de cette culture.
Prix : 500 DA/15 euros.
FRANTZ-FANON ÉDITIONS
1949. Crise berbériste ou crise démocratique ? (mémoires, tome 2), de Sadek Hadjerès : Cet ouvrage constitue un témoignage de premier plan sur la crise du PPA de 1949, crise qui fut qualifiée à tort de “berbériste”, alors que les problèmes des voies et moyens de libération nationale qu’elle soulevait, les questionnements nationaux, démocratiques et sociaux qui la sous-tendaient, avaient peu à voir avec de prétendues revendications particularistes, culturelles ou régionales. La preuve en avait été pourtant donnée dans la publication intitulée Vive l’Algérie, parue sous le pseudonyme collectif d’Idir El Watani, qui voulait ouvrir un débat clarificateur dans le Parti. Ses auteurs, jeunes cadres et militants de base du Parti, ainsi que ses contributeurs, étaient, en réalité, aussi bien des berbérophones que des arabophones. Cependant, des dirigeants du Parti, insensibles à ces signaux d’alarme de la base militante, à défaut d’aborder les problèmes politiques réels de la lutte, vont artificiellement gonfler des différences linguistiques, des divergences idéologiques et les travestir pour des enjeux politiciens à court terme.
Prix : 1 000 DA/20 euros.
R.I. Au nom du Père, du Fils et du Sain d’Esprit (roman), de Hakim Laâlam : Un jour, alors que leur monde s’affublait d’un nouveau visage, Leïla dit à son mari Sadek : “Tiens bon ! Pour Yahia. Pour toi. Pour nous.” Tels furent les derniers mots de cette femme ; des mots “expirés plus que dits. Expurgés plus qu’articulés”. Mais Sadek ne put tenir parole, la force du maelstrom était plus forte que l’entendement ; il fut alors emporté, son fils Yahia aussi, vers ce qu’il ne pouvait imaginer quelques mois plus tôt.
Dans ce pays envahi par les O.V. et les O.E., nul ne pouvait échapper à l’Ordre instauré. Même les poubelles étaient fouillées pour décrypter la pensée et les mœurs. Le silence permissif conduisit inéluctablement la contrée vers un enfer dont les portes, une fois fermées, ne pouvaient se rouvrir. Suivre les autres, tel était le maître mot ! Une histoire tout aussi poignante qu’effrayante. Elle relate un parcours pas si étrange que cela, ni impossible, tant les limites de la folie humaine sont incommensurables.
Prix : 1 000 DA/20 euros.
Révolution du 22 Février : du miracle au mirage. Une impasse algérienne (essai), de Saïd Sadi : Pourquoi, après des dizaines d’années de luttes citoyennes méthodiques, patientes et assidues, un mouvement citoyen solidaire, pacifique, d’une amplitude nationale exceptionnelle et revendiquant clairement une alternative démocratique s’est-il éteint sans avoir atteint ses objectifs ? Quel visage présente-t-il aujourd’hui après avoir vacillé ? Et comment le pouvoir a-t-il réagi ? Qu’ont fait ceux qui appelaient de leurs vœux le changement quand arriva l’heure de vérité ? Que reste-t-il désormais de cette séquence inédite de l’histoire algérienne ? C’est autour de toutes ces questions lancinantes, gênantes, mais si importantes, qu’invitent à réfléchir les contributions rassemblées dans ce livre.
Prix : 1 000 DA/20 euros.
Chihab ÉDITIONS
Lakhdar Bentobbal : la conquête de la souveraineté
(histoire, 304 pages), de Daho Djerbal. ́Avec ce deuxième livre, le temps des sacrifices consentis par les cadres et les militants du FLN, ainsi que par les djounoud de l’ALN, s’ouvre aussi le temps des terribles épreuves subies par tous les Algériens pour faire face aux lois d’exception, aux déplacements et aux cantonnements forcés, ainsi qu’aux meurtres de masse commis par l’armée française d’occupation et ses auxiliaires de service. En mobilisant les moyens militaires les plus importants qu’ait pu connaître l’histoire de l’après-Seconde Guerre mondiale, en tentant de détruire l’organisation politique des villes et de briser l’ALN, l’État français met en œuvre une nouvelle stratégie inspirée de ses expériences indo-chinoises. Pour préparer le terrain à “l’autodétermination” d’une Algérie nouvelle liée à jamais à la France, il fallait séparer le peuple de son avant-garde combattante, car le libre choix des Algériens ne pouvait se faire “avant la fin de l’insurrection”. Une Algérie “pacifiée” et une frange collaboratrice de la population pour une sorte de self-government, tel était le but de la stratégie de la Ve République française. Résister, faire face et répondre à cette nouvelle donne imposée par une guerre asymétrique, tel était le défi à relever par le peuple algérien et son avant-garde politique et militaire. Dans ce témoignage de l’intérieur, S. L. Bentobbal a estimé non seulement nécessaire, mais aussi indispensable de faire parler ceux qui étaient sur le terrain, ses compagnons d’armes, ainsi que ses pairs dans le gouvernement des Algériens par les Algériens.
Prix : 1 750 DA.